Il fallait passer une porte cochère et traverser une cour pavée. Au
fond, au rez de chaussée une porte-fenêtre en bois au milieu de deux
grandes fenêtres identiques et rectangulaires
La porte était ouverte et je me retrouvai une fois l’avoir poussée, dans une grande salle, éclairée de néons livides au dessus d’établis soigneusement alignés. Une douce odeur de bon français flottait là parmi les fétides effluves de quelques douteux accords de participes et de redoublement de consonnes tout juste rectifiés ,
La porte était ouverte et je me retrouvai une fois l’avoir poussée, dans une grande salle, éclairée de néons livides au dessus d’établis soigneusement alignés. Une douce odeur de bon français flottait là parmi les fétides effluves de quelques douteux accords de participes et de redoublement de consonnes tout juste rectifiés ,
Sur les murs : des gabarits, des formes, des patrons, des moules à
écriture. Sur les établis prêt à s’attaquer au papier le plus blanc,
un tas d’outils de précisions, stylos, crayons, gommes et effaceurs
liquides. Et tout autour, des machines extraordinaires, dégauchisseuses à
adverbes, scies sauteuses à péroraisons, perceuses à oxymores, tours à
prétéritions, emboutisseuses à apophtegmes, sertisseuses à allégories, tyroliennes à prosopopées, ponceuses à néologismes, raboteuses à pléonasmes, aspirateurs à
barbarismes et un beau contrôleur vigilant d’ aphérèses vulgaires.
Bref, de l’outillage, du sérieux, du vrai !
Et puis autour des établis, vêtus de salopettes aux couleurs rimbaldiennes, des
arpettes qui ciselaient en silence leur chef d’ œuvre, façon meilleur
ouvrier de France, tandis qu’un maître, vêtu, lui, d’une blouse sérieuse de
ratine grisâtre, bienveillant, les surveillait, les conseillait, sévère
mais juste, auréolé de son savoir magistral, détenteur initié de
dictionnaires multiples
En fin de journée, on montrait son travail.
Après quoi, l’on balayait l'atelier d'écriture, par terre, toutes ces petites chutes, ces
débris de phrases, ces copeaux de mots, cette sciure de pensée non
conforme...
Et l’on rentrait chez soi, heureux, avec le sentiment incomparable du travail bien fait, du devoir accompli.
A l'instar de ce texte qui aurait pu y avoir été, selon les règles, peaufiné...
A l'instar de ce texte qui aurait pu y avoir été, selon les règles, peaufiné...
Ah, là, ton texte est si beau qu'il ne faut rien y ajouter.
RépondreSupprimerTel quel.
Un plaisir, que j'imprime pour qu'on le lise...
Félicitations !
Tu me le prêtes, ton aspirateur à barbarismes? Juste pour un mois ou deux. Après, je n'en aurai plus besoin. Enfin, moins.
RépondreSupprimerEt puis, copier-coller du commentaire de Daniel.
Cher PP,
RépondreSupprimerDamned, Daniel m'a encore précédé dans le compliment!
Biz
Angevine
Merci à tous, mais je vous soupçonne d'une complaisance affective autant que littéraire !
RépondreSupprimerbien sûr que je le prête mon aspirateur,et tous les outils cités je les prête, je suis le "kiloutou" gratis de la syntaxe française et de ses avatars pourvu qu'ils soient inventifs !
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