09 décembre, 2012

Y a pas que Hopper...

Comme vous avez (sans doute comme moi ) découvert il y a vingt-cinq ans Hopper par ses illustrations de couvertures de livres de poche, vous avez tous vu des œuvres de Csernus pour la simple raison que vous avez tous acheté des Folio et ce dès les débuts de cette édition de poche dont il fut l'un des premiers et des plus prolifiques illustrateurs. Technicien oui, mais aussi inspiré. Caravagesque hyper réaliste, - et oui ! Alors Hopper, je veux bien, mais Csernus aussi .

4 commentaires:

  1. Avant d'y regarder de plus près, j'ai justement cru que c'était un Caravage.

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme3:28 PM

    cher pp,
    Il faut dire que le rouquin à gauche a vraiment la tronche de bacchus malade.
    Angevine

    RépondreSupprimer
  3. Ce que Tibor Csernus et Edward Hopper ont en commun c'est d'avoir illustré des couvertures de livres de poches et de revues, d'être peintres, graveurs, etc.
    Mais ils ont chacun leur manière de faire qui est singulière et différente.
    Csernus, le Dissipé, perd de « sa peinture » dans l'illustration. Hopper garde sa singularité de peintre dans l'illustration ; parfois il se surpasse dans l’illustration.
    Là où Csernus peint des personnages, Hopper les élimine un à un comme quasiment toute l'Humanité est absente de ses toiles ; et ce, pour mieux se focaliser sur la manière de montrer la réflexion de la lumière sur une surface, la plus banale soit-elle. Cette banalité des choses, pompes à essences, bars vides, pièces vides, avec leur couleur « de douce habitude publicitaire», ces choses extirpées du quotidien, ou plutôt de ce qu’on croit être notre quotidien, réduites à être seules, à être uniques en leur propre propriété, à s’avaloir elles-mêmes, ces « marchandises-ourobos » qui, non contentes de s’auto-consummer, ôtent de sa chair à l'humanité, ces « choses » comme dans un roman de Maupassant constituent avec « leurs leumières » le monde moderne, sa vacuité, ces vertiges qui sont d’une froideur que hopper rend chaude avec la lumière, la « froideur-chaude" dans le sens où Mac Luhan l'entendait des médias : hot dog, hot line et néant chaud, l’Enfer.
    Donc il y a cette remontrance de la modernité (américaine), ça plait. Le discours ressemble au médium, ou plutôt le discours est le médium comme disait N.Chomsky ! Tout va bien. C’est l’poste qui parle, on écoute le poste d’où sort la voix de son maître !
    Et aussi et surtout, tout ce fatras laisse à Hopper cette possibilité d'exploration des surfaces réfléchissantes. Alors là, Hopper est assez fort. Il aurait pu travailler les laques pour Ripolin, Valentine, Epifhane, ou Tollens. Il aurait babouillé les prairies de verts printemps, la rosée en rose pâle brillant, les boutons d’or en jaune d’or ruisselant, que du Glossy quoi ! Vu de près cette peinture, qui est donc de prime abord commerciale, qui trompe l'oeil, qui trompe la vie, cette peinture qui après tout n’est rien, devient un terrain idéal pour tenter de restituer la lumière. Là hopper est fantastique et unique. Très fort. On ne peut pas dire que c’est un peintre ; on ne peut pas dire non plus qu’il n’est pas un peintre. Il est à voir, c’est déjà ça ! Ce qu’il a fait est une découverte.
    D’autre part, mais c’est autre chose, Hopper est facétieux ; son pompiste joint le geste à l’inutile, c’est un personnage de J. Tati. Les femmes sont toujours « sa » femme ! Les ombres ne correspondent pas aux lumières et vice versa. Ce que l’on croit être une vue photographique est une photographie impossible. Hopper est un peu belge !
    Hopper c’est bien !

    RépondreSupprimer