10 avril, 2012

Un souvenir romain

A un ami parti à Rome ces jours-ci je souhaite le meilleur !

Je te souhaite un ciel bleu, du beau temps intégral , pas un nuage ni une goutte de pluie, Parce que si tu l'ignores...
Rome, la sublime ensoleillée, sous la pluie pascale est ignoble, mortifère, une ville à se flinguer... Tout ce qui est habituellement ocre, rouge sang, jaune, rose,vert tendre, sous le grand velum bleu, tous ces camaïeux si délicats qu'ont voit d'ordinaire sur les fresques qu'on aime deviennent une soupe intégrale verdâtre, grisâtre de traces dégoulinantes, qui annule tout relief au point qu'on craint de voir en moins de deux les thermes de Caracalla se déliter et fondre sous nos yeux. Je peux en causer, je garde un souvenir ému d'un séjour professionnel et solitaire que je fis en ces lieux, un week de Pâques, justement et par un temps de cochon et de Jubilée . Il y avait en plus un putain de vent venu d'Ostie, un vent de la mer glacial à vous effeuiller vos lauriers... Seul le Tibre, égout dégueu au fond de son caisson ne souffrait pas du mauvais temps.

On bouffe fort bien, à Rome, bien sûr, c'est délicieux, mais c'est pas tout ! On se dit alors, repu, qu' on va, pour fuir l'intempérie, se réfugier dans les églises, mater les Caravage, regonfler, ah non mais ! en passant, sa Contre-Réforme, du Gésù à Saint Louis des Français, mais même à l'intérieur, les églises romaines réclament, implorent le soleil autant que la piécette qui déclenche le projecteur minuté au centième... Au point même que je réussis, après m'être fait allègrement conchier par les pigeons du pronaos où je m'étais abrité un instant, à me prendre une douche au centre du Panthéon qui n'a comme chacun sait qu'un trou en son milieu, Quand aux rues, aux avenues, pas grand chose n'est prévu pour en évacuer l'eau des odieuses ondées... troquer en hâte contre des bottes ou de simples sacs en plastique, ces cothurnes optimistes hâtivement achetées duty free à Leonardo ou bien à Ciampino qui tournent moitié lasagne et moitié spaghetti à la plus simple averse...

J'ai donc tenté de prendre mes quartiers post-prandiaux au premier lieu de drague gay ouvert de jour à Rome (en 1995... erreur du Spartakus !) : un cauchemar fellinien, un ancien cirque d'hiver hypocritement masqué en ciné hétéro, dont la piste centrale toujours couverte de sciure sous des chaises de jardin servait de salle de projection (en tous genres...) et tout le reste autour dévoué aux rencontres furtives fort inter-générationnelles derrière les vieux rideaux cramoisis où ça sentait encore le tigre et l'éléphant, je te jure, c'est vrai ! ... et tous ces ragazzi très vaguement monnayables autant qu' incirconcis, ignorant puis refusant la salvatrice capote... Bref, J'ai passé, une fois mes travaux terminés, mon temps à dormir dans une maison patricienne sublime et fort bien chauffée, sous ces pins merveilleux que Respighi chanta, propriété de bonnes sœurs françaises et richissimes à deux pas de Sainte Marie Majeure et où ça sentait la cire, le buis et les draps frais et qui faisaient un Bed and Breakfast à damner le pèlerin, tout en me piquant la ruche au Jack Daniels /Lambrusco, invention occasionnelle de mon cru et que je déconseille... Ça n'a duré que quatre jours, certes, ... Depuis je ne puis plus en boire, ni de l'un ni de l'autre, les deux je vous dis pas....
Heureusement, je connaissais déjà Rome et j'y revins souvent après, sous "le soleil exactement"... et le plus souvent en bonne compagnie. On ne va pas tout seul à Rome...

Juste pour te dire que lorsqu'on y va à cette période et pour la première fois : "Weather Report" d'urgence et détaillé, waterproof dans la Sansonite et Lexomil un peu si l'on se sent fragile...

Bonne chance ! Parce que Rome, mon dieu, by Jove, Rome plus qu'aucune ville au monde, quand c'est beau : ce que c'est beau !

4 commentaires:

  1. Je crois bien que l'on a dormi à la même adresse!

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  2. C'est je le crains, plus que probable...

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  3. Ben j'ai pas été transporté. Et on a fini le séjour, sous une flotte, mais une flotte !

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  4. Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenu !

    En attendant, faut y revenir l'été, car c'est, crois-moi, sublime !!!

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