26 décembre, 2011

"J'écris ce qui me chante"

C'est le titre d'une brique de près de mille pages publiée chez Fayard et qui regroupe les écrits en tous genres de Poulenc. On me l'a offert pour Noël. Ça ne se lit pas du début à la fin, ça se déguste par bribes, comme ça au hasard, par surprise, comme un grand tiroir délicieusement bordélique - même si, vous vous en doutez, tout est classé, répertorié par un certain et très sérieux Nicolas Southon - plein de papiers personnels dans lesquels on fouille à plaisir. On y trouve des lettres, des conférences, des entretiens, des articles, des souvenirs, des anecdotes cabotines, des analyses d'œuvres, des critiques, des recettes de cuisines, le tout parsemé d'aphorismes. L'homme avait ses idées, des goûts. Ce n'est jamais méchant, c'est souvent drôle et encore plus, remarquablement intelligent.
A propos de Schoenberg, qu'il rencontre dans les années 20, il lui reconnaît le mérite d'avoir cherché et trouvé quelque chose de nouveau et d'intéressant. Mais c'est, et on ne peut pas ne pas être d'accord avec lui, vers Berg que va sa sympathie musicale. C'est ainsi qu'il a, pour parler de l'un et de l'autre, cette formule sympathique, poétique et claire :
"Schoenberg a ouvert une porte magique dont seul Berg a eu la clef" *
Les autres épigones ne sont que des comptables qui comptent jusqu'à douze. On ne peut pas dire mieux les choses.
Quand Poulenc se fait critique musical, il accroche au vestiaire son habit de compositeur pour n'être plus "qu'en mélomane", comme ceux à qui il s'adresse. Oui, c'est un peu injuste, mais même en prenant en compte la dette de Berg envers Schoenberg, c'est Berg, qu'en tant que mélomane, on aime...
C'est ainsi que Poulenc, passionné de peinture autant que de musique, parlant de Van Gogh, dit cette chose étonnante de sincérité et de finesse de psychologie appliquée : "Plus je l'admire et moins je l'aime".


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