19 septembre, 2011

Tiki est mort aujourd'hui

Tiki était un chien remarquable. Celui d'une de mes voisines. Quand ils sont arrivés ici, il y a trois ou quatre ans, Tiki, corniaud labrador blond et moi on est devenus potes, d'emblée, c'était fatal. Oscar n'était pas jaloux qui pourtant sentait sur moi son odeur chaque fois, c'est à dire tous les jours ou presque, que je le caressais. Tiki était un chien qui parle, y en a. Dès qu'il me voyait, il venait vers moi, glissait sa tête entre mes cuisses et aussitôt après s'être assis m'aboyait en modulant des mots de chien. Quand je le croisais parfois dans la rue tandis qu'il était en ballade solitaire autant qu'interdite, je lui disais de rentrer, tout de suite, et il rentrait, les oreilles basses, furieux de s'être fait coincer mais bien content aussi qu'on s'intéresse à lui, repointant aussitôt sa truffe, joueur, au cas où je ne fusse plus là ou j'eusse le dos tourné . Et puis Tiki est devenu malade, un cancer des os. Jusqu'à la fin il est resté digne, boitillant, quand sa maîtresse le sortait, et parfois le portait. Même malade, même souffrant, il venait me voir et notre rituel perdurait, museau dans mes jambes puis bavardage, c'est comme ça les chiens, pour ceux qui savent pas...

Alors, bien entendu, je sais, c'est de l'anthropomorphisme, ça n'a pas de sens, diront certains. J'attends qu'on me le prouve, que ça n'en a pas, de sens, et d'abord, de quel sens qu'on cause... Car même Descartes qui affirma, le con, que les animaux et parmi eux, les chiens ne sont que mécaniques, se discrédita, ce disant et définitivement, aux yeux de la science !

Et puis je vais en rajouter une louche, une couche, une douche : depuis cet après-midi, Oscar, Polo et moi,sommes tristes, profondément tristes.

A l'instant où je vous cause, Polo joue dans la cour, in memoriam Tiki, la première suite pour violoncelle de Bach...

Le premier qui me dit, aujourd'hui et à cette heure précise où je suis malheureux de la mort d'un chien, que je ferais mieux de m'apitoyer sur les humains qui meurent ou, pire encore, me moque, est un salaud doublé d'un con. Qu'il crève . J'ai suffisamment pleuré d'humains pour avoir le droit de pleurer des chiens.

6 commentaires:

  1. La veille de la mort de Koreff le chien, Orféo le chat a délaissé son habituelle distance pour aller dormir dans les pattes du vieux. Et personne ne me fera croire que ça n'a pas adouci sa dernière nuit.
    Ceux qui n'aiment pas les animaux ne font que semblant d'aimer les humains, et tant pis pour eux.

    RépondreSupprimer
  2. Il faut avoir eu un chien pour comprendre ça. Le mien, Ciccio, je l'ai gardé dix-sept ans. Un jour où un ami avait eu un grave accident de voiture, il a su que je n'allais pas bien. C'est lui alors qui m'a donné la plus grande preuves de tendresse.

    RépondreSupprimer
  3. il y a 3 mois j'ai perdu Mascotte mon peit bichon maltais de 15 ans.
    Elle avait un cancer et je ne l'ai pas su. Pour ne pas m'attrister elle faisait des efforts considérables pour aller se promener avec moi. Je mettais sa fatigue sur le compte de l'âge.
    Elle est morte en 3 jours d'un cancer généralisé et elle ne s'était jamais plainte. Quand j'en ai parlé au vétérinaire il m'a dit "elle ne voulait pas que vous le sachiez". Bizarre ? qui a dit bizarre ?
    J'ai l'impression d'avoir le coeur brisé, de nouveau, en ayant lu votre billet.

    RépondreSupprimer
  4. Paki, votre vétérinaire est rare...tous ne sont pas aussi clairvoyants...

    RépondreSupprimer