Dans les années 70, l'anti-psychiatrie était déjà arrivée dans nos provinces. Mais il y avait quand même, qui s'accrochaient encore et vaillamment à leurs électro-chocs tout en prodiguant force molécules anciennes ou surtout à tester, quelques praticiens dont l'un d'eux se targuait, ce qui au vu du résultat final n'était pas un exploit, d'avoir soigné Artaud. C'était presque chic de le consulter à cette époque où, pour ceux qui s'en souvienne, on n'était pas comme aujourd'hui "en souffrance", on avait, plus simplement dit, "des complexes"... Et comme on allait chez X le meilleur pâtissier, Y le fourreur dans le vent, on se bousculait chez Z le psychiatre à la mode... C'est celui-ci même dans le service duquel atterrit comme tant d'autres, un copain homo déprimé chronique et récidiviste de la tentative de suicide (il finit d'ailleurs par réussir son coup en étant, au mépris volontaire de toute prudence et dès son installation définitive à Paris, l'un de mes premiers potes victimes du Sida). Ayant révélé sa pourtant évidente homosexualité au médicastre connu pour exhiber sa fille folle à ses étudiants en médecine, ce dernier lui fit cette remarque visant sans qu'on le sache l'homosexualité ou la tentative de suicide, et que dans les deux cas, nous dirons remarquable : "Quand pensez-vous devenir adulte ?" avant, comme tous ses patients, de le truffer de Temesta.
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