11 mars, 2011

Je suis un voyeur de l'imaginaire

J'aime regarder chez les gens. Je n'aime pas les voir, les mater dans leur intimité, je préfère de beaucoup contempler furtivement leur intérieur désert, allumé d'une manière ou d'une autre mais vide de toute présence visible. A la limite, une ombre qui passe derrière des persiennes closes, des rideaux tirés ou comme sur cette photo juste avant que je la prenne, tout au fond du couloir, attise un peu mon curieux vice et lui suffit très amplement. J'aime, la nuit, regarder de l'extérieur une pièce dont je sais que les habitants sont dans celles d'à coté. Dès qu'ils rappliquent dans mon champ de vision, dans le cadre de leur fenêtre, le charme prend la tangente et s'évanouit, chassé par une vague de trivialité parfaitement incompatible. Pour tout vous dire, dans ces moments précis d'intrusion nocturne et pourtant fort discrète, un fauteuil vide me parle plus et mieux de la personne qui devrait s'y trouver que si elle s'y trouve... L'imprégnation humaine, plutôt que la présence, l'évocation que le constat. Et puis, je l'avoue, j'ai toujours un peu peur d'être victime d'une forme possible d'exhibitionnisme sournois de leur part - ça existe, savez-vous ? - et ça, c'est hors de question ! C'est donc une forme de voyeurisme bizarre, sorte de théâtre d'ombres que je pratique, puisque je suis un voyeur qui veut surtout ne jamais voir...

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