02 novembre, 2010

Nul n'appartient à personne

Une personne que j'aime énormément me dit il y a quelques minutes et ce pour une raison précise, pratique donc utile qu'elle continue de voir mon ex (pas un "ex" d'il y a un an, mais mon ex, le dernier, d'il y a bientôt quinze ans !) que je ne vois plus... depuis quinze ans aussi ! Elle n'est pas vraiment gênée, on se connaît ! c'est autre chose d'indicible, un je ne sais quoi un presque rien, dilué dans le temps. Alors je l'affranchis. Y a pas de lézard ! Personne n'appartient à personne et ce dans aucun sens. Je serais de toute façon mal placé pour lui reprocher de continuer de le voir depuis que nous sommes séparés quand je le lui ai d'une certaine manière imposé, fût-ce de son plein gré, quand nous étions ensemble. Du moment qu'elle ne lui refile ni mon adresse, ni mon téléphone ni mon email, ce dont, après tout, il serait présomptueux de ma part d'imaginer qu'il les lui demande. J'aurais pu lui dire que je m'en doutais, mais c'est faux, car pour m'en douter, encore aurait-il fallu que je pense encore à lui suffisamment souvent pour que la question se posât. Je suis vraisemblablement monstrueux, mais je n'ai pas souvent de souvenirs de lui, malgré cinq ans de vie commune, et aucuns qui relèvent de l'affect. Ce sont surtout des lieux qui me le rappellent car c'était un compagnon de voyage exemplaire. Pour ce qui est du reste, il m'a, à la fin, vraiment trop fait chier pour que même avec le temps toute possibilité de rencontre soit possible. Quand votre compagnon vous propose, au bout de cinq ans, une relation triangulaire avec un huissier de justice catholique pratiquant et marié de surcroît, quand, surtout, un matin au petit déjeuner, alors que déjà rien ne va plus entre vous, il vous dit froidement : "Il y a un an, une nuit, j'ai essayé de te tuer", même si c'est probablement pas vrai, ça crée un malaise car c'est, je vous assure, d'une rare violence et devient, de facto, puisque qu'après un tel aveu on se casse au plus vite, le souvenir de lui le plus marquant et, dans ce cas précis, le dernier qu'il vous laisse, avec quelques propos racistes autant qu'inattendus ; et comme, honnêtement, il n'y a aucune raison que celui qu'on lui a laissé soit d'une manière ou d'une autre plus sympathique... Ça ne lui retire donc, ni en fait, ni en droit, la jouissance de ceux qu'il a connus par moi quand nous étions ensemble, je continue pour ma part à avoir des relations avec des gens qu'il m'avait fait connaître. Les gens, et c'est heureux, n'existent pas uniquement du fait qu'ils vivent avec quelqu'un... La personne dont je parle au début de ce billet est elle même le remarquable exemple de cette fidélité qu'elle invoque, fût-ce d'une autre manière, à son sujet. Moi, je mets ça sur le compte de l'autonomie d'existence personnelle. Un être existe seul. Le fait qu'il soit avec un autre ne le fait pas exister plus, pas plus qu'il existerait moins sous prétexte qu' il n'est plus avec lui.
Je peux pas être plus clair.

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