21 octobre, 2010

Des gothiques dans ma laundrette ! et comment préparer, déjà, l'éviction de Sarkozy en 2012.

Ma laverie automatique est selon les jours un lieu de conflit ou bien de convivialité. En ce début d'après-midi c'était convivial. Une brave dame vient laver ses rideaux et ses couettes. On discute de la vie ! C'est une authentique déçue du sarkozysme ! Elle a bossé, elle a gagné du fric, raquer pour les pauvres, elle veut bien, si c'est pas trop, mais elle est pas d'accord pour payer à la place des très riches... Elle a tout compris. Alors j'en rajoute délicatement un spray, puisque la campagne de 2012 est déjà commencée... "Moi aussi j'ai voté Sarkozy, lui mens-je impunément (nous sommes seuls !), eh bien, je ne voterai pas pour lui la prochaine fois ! ah ça non ! plus ja-mais ! " On n'est bien d'accord, continuons le combat !

C'est alors que se pointent deux gamins en total look gothique, enfin presque, avec leur petit linge sale. Pour eux, c'est la première fois, une sorte de dépucelage du quotidien de la vie, avant c'est maman qui faisait ça... Alors comme au boxon, je leur montre comment ça marche. Ils sont surpris que je leur parle. "On fait peur généralement" qu'ils me disent ! "Vous rigolez ! je leur réponds, même avec une tronçonneuse entre les dents, on vous prendrait pas au sérieux ! c'est pas parce que les gens vous regardent qu'ils ont forcément peur, d'autant plus que vous faites quand même un peu en sorte qu'on vous regarde, non ?" Ils en conviennent. La dame en convient elle aussi, elle les trouve bien gentils... Y en a un qui est vêtu tout en skaï noir, un pantalon invraisemblable avec des crevés, un t-shirt en maille à travers lequel on devine un torse chétif, limite carencé. Il est juché sur des bottes façon échasses, des vraies New Rocks pour ceux qui connaissent, un collier à clébard autour du cou et des prothèses ongulaires en plastoc blanc, couleur ivoire... L'autre est un peu plus discret avec un beau t-shirt heavy-metal sur lequel bat au bout d'une chaine une croix. Je lui rappelle que la croix, c'est à l'envers que ça se porte et que là, c'est un peu comme s'il revenait de la messe. Bon prince, il rigole. N'empêche qu'il me faut un bon quart d'heure pour leur expliquer qu'ils n'ont rien de terrifiant, qu'on est pas dans Starmania et qu'ils ne me feront pas le coup de "Quand on arrive en ville...". "J'ai plus la trouille de certains mecs en costard-cravate que de vous ! De toutes façons, vous pourrez vous fringuer comme vous voudrez, parce que déguisés ou à poil, vous avez des gueules d'anges, vous le savez bien..." Ils sont surpris qu'on leur cause comme ça . En attendant, une jeune femme très bien qui était entrée en tenant d'une main un sac de linge et dieu sait pourquoi, de l'autre sa poubelle, éberluée pas notre entretien, quitte le lieu en hâte et en sort au comble de l'émotion...
Ils ont enfin mis leur linge dans les machines, ils sont prêts à les faire tourner, jusqu'à ce que je leur rappelle qu'avec un peu de lessive, la lessive c'est mieux. Le plus discret des deux fonce alors au Monop... Pendant ce temps je discute avec l'autre, j'ai le temps, j'attends que ça sèche. Il est marrant, le môme, il a une queue de cheval qui lui descend jusqu'au fesses, et c'est vrai, quoi qu'il fasse et à son grand regret, il a bon genre. Je lui demande ce qu'il fait dans la vie. Il cherche du boulot. Coquet (on entre un instant dans un processus de drague dont il ne se rend pas compte), il me demande de le dater. Je lui dis que c'est pas facile, la fourchette est large entre 15 et 20 il en a 19... Je lui demande aussi s'il se pointe chez Mossieur Polemploi dans cette tenue. Il me dit que non, bien sûr, il y va plus "classique". La queue de cheval, ça passe, mais il y a quelques temps il travaillait chez MacDo et un de ses collègues l'a attrapé par là pour essayer de la lui couper. Je lui explique qu'il a rien compris (faut tout leur apprendre !), que c'est pas sa "queue de cheval", qu'il voulait, le mec, en la lui saisissant, c'était sa queue, tout court... "Ah bon ? vous croyez ?" Il est au bout de son étonnement, le mouflet... non seulement j'ai pas peur, je pourrais être son grand-père, je connais les New Rocks et je lui dis de ces trucs....
Je vous le dis encore : faudrait pas que ça grandisse ! Ou, c'est pareil, il serait grand temps que ça le fasse...





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