06 août, 2010

La tasse et l'académicien

Quand Philibert de Rambuteau, préfet de la Seine fit construire ces premiers édicules, ils devinrent d'emblée tant ils étaient commodes (ah-ah ! des vespasiennes commodes, c'est marrant non ?) un lieu de drague idéal pour les homosexuels, les ''antiphysiques" comme on disait encore à l'époque dans les rapports de police, les discrètes lesbiennes étant, elles, les mystérieuses et antiques "tribades" pour la plupart confinées dans leurs boudoirs et puis de toute façons, tribades ou non, les femmes ne pissent pas debout. Les premières de ces pissotières ayant été placées dans des quartiers chic (le prolo pouvait encore pendant longtemps pisser dans son quartier au creux des encoignures), on y trouvait surtout d'honorables pères de famille, commerçants fortunés, hommes de loi et artistes qui venaient nuitamment s'offrir un petit en-cas, sorte de fast food d'éros qui plus est gratuit avant le dîner conjugal, la chose existe toujours mais en d'autres endroits.
Le terme de tasse était le préféré des homosexuels parisiens mais on disait aussi théière, parloir, ginette, protestante, voire Colonnes Rambuteau, au grand dam de leur promoteur qui, ne tenant pas à devenir avant lui et comme allait l'être son successeur le préfet Poubelle, désagréablement éponyme, réussit à imposer malgré leur gratuité, l'antique et déjà lui aussi éponymique terme de vespasienne (cf : http://www.hexagonegay.com/Vespasiennes.html). Les flics rôdaient dèjà autour et tenaient ainsi à l'intention de ce qui allait devenir la "Mondaine" une sorte d'occulte Who's who de la communauté homo chic ou bourgeoise de l'époque.

Tout ça pour vous dire une histoire qu'on m'a racontée il y a fort longtemps. Je ne sais pas si elle est vraie mais je la trouve charmante et comme j'aime énormément celui à qui elle est consacrée...
Camille Saint-Saëns compositeur génial, était, l'âge venu, unanimement respecté, admiré, décoré, bref, honoré de mille et une manières. C'était un peu comme Pierre Boulez aujourd'hui, une sorte de monument vivant, mais en plus rigolo. Il était de surcroît membre de l'Institut et avait à ce titre quelques privilèges. C'est ainsi que, bien qu'il fut déjà d'un certain âge mais encore très ingambe, il avait ses habitudes d'après dîner et fréquentait une tasse de proximité sur le boulevard Malesherbes près de la rue de Courcelles où il habitait.
Et sur les vingt-trois heures, le policier chargé de sa sécurité venait, dit-on, le chercher fort courtoisement en lui disant : "Allez Maître, c'est l'heure, il faut rentrer... " et de le raccompagner d'autorité chez lui.

2 commentaires:

  1. Anonyme8:29 PM

    Ca me fait penser à une plaisanterie sordide..Celle de l'homo surnommé "Nescafé"... Parce qu'on peut se le faire rapidement dans une tasse.
    amis de la poésie, bonsoir!
    Hors landdau

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  2. Mais ça c'est une vraie "histoire de pédés", inventée par des pédés... équivalente des "histoires juives".
    J'avais, pour ma part, surnommé un copain "caravelle" au vu du nombre de noeuds qu'il était capable de se faire ...

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