c'est celui où il m'annonça au petit déjeuner que quelques mois auparavant, il s'était, une nuit, levé avec l'intention de me tuer avec un couteau de cuisine... Il affabulait probablement, dans l'un de ses élans romanesques autant que quotidiens. Mais je vous avoue que ça surprend... La stupeur puis la peur rétrospective amortie, je fus aussitôt saisi d'une autre, celle-ci introspective. Elle était, de beaucoup, plus inquiétante que la première : mais qu'avais-je donc pu lui faire qui justifiât son intention, fût-elle purement imaginaire et même, j'en étais certain, improbable ? Je n'avais, certes, pas été parfait, mais de là à me condamner, même virtuellement, à mort, faudrait quand même pas déconner... Dès lors et jusqu'à son départ, à notre séparation, coupable ou non, courageux mais pas téméraire, je m'enfermai chaque nuit, sur des conseils amis et médicaux, à clé, dans une partie de l'appartement, pour éviter le pire.
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