07 mai, 2010

Du pain moisi. Souvenirs d'Anna P.

J'ai jeté un sac de Poilâne qui était moisi. J'ai honte. Car à chaque fois que je vois du pain moisi je me souviens d'Anna, même si je me souviens d'elle pour bien d'autres, jubilatoires, intelligentes, bref, excellentes raisons.
Anna nous racontait qu'une fois Auschwitz libéré par la seule désertion des nazi en déroute, errant avec ses co-détenues dans la campagne polonaise, trouvant dans une ferme abandonnée du pain moisi dont elles se repurent, elles s'aperçurent, les jours suivants, que leurs plaies se cicatrisaient. Elles comprirent, bien après, qu'elles avaient, sans le savoir, profité des bienfaits du pénicillium...
J'ai connu, j'en suis heureux et fier, des gens comme ça.

3 commentaires:

  1. Anonyme9:08 AM

    Je souhaite un monde où il y aurait toujours trop de pain, où on en jetterait plein parce personne n'aurait plus faim, un monde de gâchis, de gaspillage, de trop plein, avec trop d'amour, si ça pouvait exister.
    J'ai trop connu de gens qui ont dû survivre, gens brisés, souvent formidables, j'en ai vu trop, de ces rescapé qui auraient dû vivre autrement, heureux sans pain moisi, sans pénicillium, sans horreur: personne n'a mérité ce qu'ils ont vécu...
    Maisrésister se conjugue au présent, disait Lucie Aubrac... Ca continue, tous les jours.Et tandis qu'on essaie de sauver es gens quelque part, les horreurs commencent ailleurs... Les bonnes âmes s'insurgent, on donne quelques sous...

    Et cette chanson terrible continue de peupler les enfance:

    Dansons la capucine,
    y a plus de pain chez nous,
    y en a chez la voisine,
    mais ce n'est pas pour nous...
    on la chante "innocemment"...Tout est là!
    cette chanson raconte l'histoire du monde.
    Hors landau

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  2. Anonyme10:24 AM

    Cela dit, avec un peu de lécithine, poduit naturel, ce pain "de gauche" ne moisiait pas si vite, seait un peu plu souple et moins cartonneux en séchant. Encore que le pain poilant, quoique top acide et dénaturant les aliments, n'est pas le plus chewing-gumesque des pains de distinction sociale!

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  3. Sauf que...Y a pas d'idéologie, là-dedans, encore moins de snobisme. Le Poilâne est ici un pain de pauvre, car il coûte moins cher au kilo que le pain du boulanger et d'autant moins cher que contrairement à celui-ci, on n'en jette pas une miette, sauf quand on oublie de le manger... Et puis l'achetant en grande surface, je suis dispensé du " J'vous l'coupe ?" de la boulangère qui cherche à chaque fois à me faire payer en douce le sachet pour l'y mettre... Je hais les boulangères ! Vive Mademoiselle Poilâne !

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