Renoma ou petite chronique de quand j'aimais la mode.

Oui, jusqu'à il y a environ quinze ans, j'ai aimé la mode, les fringues, les pompes, bref j'ai aimé la sape sans être pour autant et très curieusement soucieux de la griffe. Ça m'est aujourd'hui totalement indifférent, même le souvenir, un peu comme un amant oublié... Je vais vous raconter un truc, car il y a deux fringues que j'ai vraiment aimées. Un perfecto superbe, en vrai cuir de cheval, qui fut mon compagnon d'aventures... mais bien avant et c'est de lui que je vais vous parler, un manteau. Quand je suis arrivé à Paris en 1973, en précurseur, j'ai habité rue du Perche, dans le Marais. Il y avait " Madame Tout au Beurre" qui installée dans un petit renfoncement de la rue Vieille du Temple vendait les meilleurs gâteaux de Paris avant chaque soir de distribuer les invendus aux enfants du quartier. Et puis à vingt mètres de son officine, il y avait une boutique qui s'appelait "le Soldeur du Marais". J'étais installé à Paris depuis deux ou trois mois, et l'hiver venu, je devais m'acheter un manteau. Dans la vitrine du Soldeur du Marais, il y en avait un, superbe me faisait de l'oeil. Cintré, coupe redingote en velours marron glacé. Il n'était pas donné. J'attendis ma paye en craignant qu'il disparaisse. Et je me l'offris. C'était un Renoma de la collection de l'an passé, soldé pour un dixième de son prix. Je l'ai porté au moins trois ans, il était inusable... J'étais marqué... Quelques années après, l'hiver venu je m'en fus au " Mouton à trois pattes" solderie remarquable de la rue Saint Dominique où je tombais sur un superbe manteau en laine gris. Je l'achetai, c'était encore un Renoma... Depuis, je ne porte plus de manteau, c'est incommode et de toute façon, comme je vous le disais, la mode, Renoma ou non, soldé ou pas, désormais je m'en tape...