Ce devait être en 1981,1982. C'est un ami publicitaire, créateur d'un tout nouvel hebdomadaire populaire qui nous les avait, à Elie et moi présentés. Ils étaient canadiens mais l'un des deux était né français. Déçu par une longue idylle avec un jeune diplomate qui avait, s'hétérotisant soudainement, fait une fin en épousant une princesse hanséatique, il avait, au lieu de s'engager par chagrin dans la Légion, choisi plus raisonnablement d'émigrer dans la Belle Province... Il y rencontra le fils d'un marguillier québecquois avec qui il refit ou plutôt fit sa vie. L'un, le français était petit et râblé, l'autre longiligne et transparent. Tous les deux étaient sérieusement alcooliques, l'un au jaja l'autre au whisky. Mais ils avaient un goût de vivre, une énergie, une réelle, vive intelligence, une aptitude à l'action et un instinct de survie extraordinaires et communicatifs, bref tout sauf des contemplatifs. Ils étaient de surcroît farouchement fusionnels, très amoureux sans aucun doute. Toujours prêts à saisir l'occas, à trouver l'astuce, le coin pour boucher le trou... Toujours ensemble. Ce sont les seules personnes que j'ai vues récupérer un samedi matin dès l'aube aux puces du Kremlin-Bicètre aujourd'hui disparues, des trucs qu'on leur avait piqués la veille dans leur peu discrète 2cv rouge... Ils maîtrisaient chacun au moins trois langues et avaient imaginé une stratégie qui leur fut extrêmement profitable. C'est ainsi, à peine s'étaient-ils rencontrés, qu'ils partirent au Mexique pour y faire du biznès. Leur principe ? c'était d'agir dans la stricte légalité. Ils potassèrent les codes et en connaissant les arcanes firent une petite fortune en peu de temps sans exploiter les pauvres et tout en restant, certes au bord mais du bon coté de la loi. Forts de cette expérience, ils rentrèrent au Québec où leurs acquis, leur aptitude à la maîtrise du droit des affaires dans le but unique de le transgresser firent merveilles... Jamais dans leur projet de filouter les riches ils n'eurent, grâce à leur connaissance approfondie du "vide juridique", le moindre problème. Ils furent même reconnus par leurs pairs dans leur branche. Leur devise inavouée : "escrocs mais pas trop". C'est eux qui nous racontaient, écoeurés, la manière dont les bonnes dames richissimes et catholiques de Québec ou de Montréal se ravitaillaient en esclaves auprès des Duvallier.
Le français, qui adorait sa mère, ancienne institutrice laïque, lui avait aménagé dans son HLM de Gagny une invraisemblable bonbonnière Pompadour... Soieries roses et grises sur les murs, au plafond, aux fenêtres et un superbe, un imposant lustre vénitien ancien qui touchaient presque la table de la salle à manger, d'énormes miroirs baroques en bois de rose face à face pour agrandir l'espace... Pas du toc, du vrai, du beau... Dieu seul sait d'où tout ça venait... son amour filial se jouait du coût des choses. Tout était tellement isolé, feutré, tapis sur la moquette, authentiquement luxueux, qu'excepté quelques invincibles bruits de plomberie, on n'entendait rien de l'extérieur. La brave femme qui avait bossé honnêtement toute sa vie vivait sans le savoir dans un appartement de cocotte, de poule de luxe et recevait sans histoire ni chichis dans la porcelaine fine et l'argenterie lourde ses voisines habituées au plastique et au formica.
Je les ai bien sûr perdus de vue... Pour l'un, perdu sans doute tout simplement, qui diabétique soignait ses états hypoglycémiques à coups de Côte du Rhône...
Le français, qui adorait sa mère, ancienne institutrice laïque, lui avait aménagé dans son HLM de Gagny une invraisemblable bonbonnière Pompadour... Soieries roses et grises sur les murs, au plafond, aux fenêtres et un superbe, un imposant lustre vénitien ancien qui touchaient presque la table de la salle à manger, d'énormes miroirs baroques en bois de rose face à face pour agrandir l'espace... Pas du toc, du vrai, du beau... Dieu seul sait d'où tout ça venait... son amour filial se jouait du coût des choses. Tout était tellement isolé, feutré, tapis sur la moquette, authentiquement luxueux, qu'excepté quelques invincibles bruits de plomberie, on n'entendait rien de l'extérieur. La brave femme qui avait bossé honnêtement toute sa vie vivait sans le savoir dans un appartement de cocotte, de poule de luxe et recevait sans histoire ni chichis dans la porcelaine fine et l'argenterie lourde ses voisines habituées au plastique et au formica.
Je les ai bien sûr perdus de vue... Pour l'un, perdu sans doute tout simplement, qui diabétique soignait ses états hypoglycémiques à coups de Côte du Rhône...
joli hommage !
RépondreSupprimermon PP cheri..
RépondreSupprimermoi, ta nièce cherie, je te publie sans hésitation.
tu me fais kiffer.
en plus , je sais qu'il ya en a eu d'autres que tu as connus .
RépondreSupprimerTu sais ce qu' il te reste à faire.
tiens, j'étais telllement absorbée par la lecture de ta page que je n'ai pas senti le café bouillir. ( j'aime le café rechauffé , je ne sais pas pourquoi). ok, Je lui ai envoyé une giclée d'eau froide en direct du robinet pour le calmer, mais je crains qu'il ne soit totalement foutu comme dit la chanson du café. Sur ce , je te fais des bisous. si pas de nouvelle de moi d'ici 3 jours , c'est que je suis morte empoisonnée.
merci Lesadamuuur !
RépondreSupprimerJe veux bien mais y a du boulot, du tri à faire !
Bises avant le prochain regroupement !
Cher pp,
RépondreSupprimerEncore un beau, très beau texte! Ah "son amour filial se jouait du coût des choses! Encooore!
Angevine qui plus elle écrit plus elle aprécie ce qu'écrivent les autres (et spécialement, sans parti pris affectif aucun ce qu'écrivent pp et lesa
Bises à tous les deux et merci
Avunculaire merci !
RépondreSupprimervous êtes bien complaisantes, vous, votre cousiene et ours impatient que je ne connais pas !
Bises à toutes !
nous, on s'amuse, c'est decidé !
RépondreSupprimerouais,l'angevine , vient avec nous
RépondreSupprimerMr Damart,Mme Blanche Porte lui souhaitaient son anniversaire tout les ans.Elle en était très émue.A chacune de nos rares visites,au moment du départ,elle allait farfouiller dans son buffet,et nous offrait tous les petits trésors que Mr D et Mme BP lui envoyaient.Parures scintillantes dans de petits écrins de satin rose,trousse de manucure en simili,ustensiles en métal à ferrer les bourriques,et un tas d'autres objets plus hétéroclites les uns que les autres.Dans ses yeux,je voyais qu'elle était heureuse de nous offrir toutes ses merveilles.C'était le petit plus.Il m'arrive parfois de ressortir de leurs boites,tous ces petits présents.Merci Mr D,Mme BP de lui avoir procurer tant de plaisir.
RépondreSupprimerChère Zoun,
RépondreSupprimerElle devait probablement bénéficier aussi des faveurs de Mr Vert-Baudet et de Melle Quelle ?
En tout cas, on l'aimait bien, elle et son Louis !
Cher pp et zoun,
RépondreSupprimerVoilà, j'ai envie d'en pleurer de tendresse.
Bises