01 février, 2010

Daniel Bensaïd nous a quitté mardi 12 janvier

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Hommage de Là-bas à Daniel Bensaïd.
Dimanche 24 janvier 2010 à la Mutualité à Paris
un hommage était rendu à Daniel Bensaïd.

Une girafe dans un champs de mulots
Une girafe dans un champ de mulots. Voilà comment on peut représenter Daniel Bensaïd dans le paysage intellectuel d’aujourd’hui.
Ce que je dis n’est pas très aimable pour les mulots, c’est vrai. Mais, déjà parmi ces mulots, vous avez reconnu BHL ou Finkielkraut ou Cohn Bendit, ... À chacun son mulot.
Moi, c’est Télérama. À la mort de Daniel Bensaïd, Télérama a titré « Une pensée s’éteint ». Le lendemain sur leur site, ils ont rectifié, c’est devenu « Un penseur s’éteint ».
Mais rassurez-vous, cher Télérama, le penseur et la pensée sont restés allumés. Vous avez pris vos rêves pour des réalités. Sachez-le, la lutte continue !
Ah, bien sûr, les vieux soixante-huitards en chaise roulante continueront longtemps encore à se battre à coup de canne à propos de Kronstadt et des amours de Frida et Léon dans la maison bleue accrochée à la colline. Mais la lutte continue, elle se mobilise pour les Conti ou les Goodyear, elle lutte contre la privatisation de la Poste et contre la Pwofitassion, elle se bat pour ce qu’il appelait « l’éco-communisme ». Bensaïd voulait assurer la suite de l’histoire, il n’était pas du genre à mettre des enclumes dans les poches des enfants.
Et pour ça, j’avoue que je me suis un peu servi de lui en l’invitant à la radio. Pour dire, voyez, notre génération c’est pas que des renégats, pas que des publicitaires libertaires, pas que des épaves social-démocrate...Pas que ceux qui ont propagé la théologie de l’impuissance et du renoncement et qui ont installé la peur au cœur même du système social. Ceux qui nous ont persuadé que nous ne pouvons rien sur notre devenir, et -encore mieux- qui nous ont fait croire que toutes les luttes ont été vaines, quand elles n’ont pas conduit au goulag.
C’est ça l’irrésistible dont parlait Bensaïd. Résister à l’irrésistible, c’est résister à cette résignation c’est résister à ce détachement cynique qui justifie les inégalités, l’appropriation privée, la sauvagerie des rapports sociaux.
En fait Bensaïd n’avait jamais perdu la boussole de sa jeunesse. Le mot communisme par exemple. Il s’est cassé les reins à débarasser ce mot de toutes les casseroles pleines de gravats que l’histoire lui a accrochés dans le dos. Et Marx ? Marx revendiqué par Jacques Attali, Alain Minc et Joseph Staline...Comment débarrasser Marx de son manteau de plomb ?
Bensaïd a passé sa vie à nous dire que c’est par là que se trouvent les outils, les leviers et les munitions pour tous ceux qui n’ont pas renoncé à faire le pari de l’émancipation humaine.
Pour Bensaïd, cette émancipation n’est pas un pari, c’est une évidence. Cette émancipation vient du bas. On ne fait pas le bonheur des peuples malgré eux. Même si on est du côté de l’opprimé, et surtout si on est du côté de l’opprimé...Il revenait souvent sur « l’auto émancipation »
Sa boussole lui venait de ce bistrot toulousain où sa mère chantait « Le temps des cerises » et, où son père, dans le tiroir du comptoir, rangeait son étoile jaune, souvenir de Drancy.
C’est de là que lui venait ce dur désir d’égalité.
Sauf que l’égalité, nous ne la désirons qu’avec nos maîtres. Évidemment les maîtres et les dominants sont beaucoup moins enclins à l’égalité et au partage. Il faut parfois leur tirer un peu l’oreille et même leur tirer un peu dessus.
Car comme disait les Motivés « Il n’y a pas d’arrangement »
Ou bien tu luttes contre les abus du capitalisme en disant « un autre capitalisme est possible « ou bien tu cherches les voies et les moyens pour le renverser...
Non, la pensée n’est pas éteinte et le penseur non plus.
Comme disait Bensaïd, « Au moins pour s’épargner la honte de ne pas avoir essayé »,
La lutte continue !
Daniel Mermet

6 commentaires:

  1. Très beau discours !

    Mais sans vouloir forcément aller à l'encontre du communisme et dans le sens du capitalisme... Pol Pot il était pas communiste ? (entre autres tordus du communisme).

    Cela c'était juste pour dire que l'idéologie politique n'est qu'une idéologie parmi d'autres, presque comme une religion.
    Et qu'un discours politique n'est qu'un discours : on y adhère ou pas, on y croit ou pas.

    En revanche, il est certain que lorsqu'on se sent opprimé, par quelque bord que ce soit, il faut se battre.

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  2. Et si ces personnage emblématiques étaient avant tous des grands fumiers, des salopards insignes avant d'être communistes... des fous ? non certainemetnpas, ce serait les exonérer de leur responsabilité. Alors de l'autre coté, Hitler, Mussolini et les seconds couteaux, les Salazar, les Franco ? Ah mais, eux ils avaient annoncé la couleur, dès le départ, leur idélologie mortifère était inscrite dans leurs écrits et ces écrits étaient les leurs, ne se planquaient pas derrière celle d'un autre comem le firent les prétendus communistes. ... Mais c'est pas une raison... Staline, Pol Pot, étaient-ils communistes ? Certainement pas... Ils prétendaient l'être, et ont réussi à le faire croire... c'est pas vraiment pareil car c'était avant tout des sérials killers d'état, rien d'autre...
    Le communisme n'a rien à voir avec ça...
    C'est ce que dit Bensaïd, rien d'autre.

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  3. C'est évident que ce sont des serials killers et c'est bien ça qui me gêne.

    Mais dès l'instant où un Sujet dit JE (puisque vous avez l'air d'en connaître un peu du côté de la psychanalyse)comment pouvez-vous dire qu'il ment ?

    Moi, la seule chose que je dis, c'est que ces personnages, et j'ai cité Pol Pot parce qu'en ce moment c'est lui qui me pose question, mais ces personnages dis-je, se disent communistes ! je ne peux quand même pas dire à quelqu'un qui me dit "je suis communiste et la seule conviction qui m'anime dans ma folie meurtrière c'est le bien du peuple" qu'il ment.
    Si le communisme compte parmi ses rangs, un Pol Pot, un Staline, un Mao, etc. Alors l'idéologie de Bensaïd c'est autre chose.

    Il faudrait peut-être simplement inventer un autre nom.

    Ceci dit Pol Pot a appris le communisme en France, c'est à croire que nous sommes de mauvais professeurs !

    Et j'aimerais assez que vous me citiez le nom d'un chef d'Etat communiste qui ait appliqué l'idéologie de Bensaïd avec bonheur !
    Parce que, comme nous le savons presque tous, l'enfer est pavé de bonnes intentions !

    Ceci dit j'adore votre blog et je viens m'y promener tous les jours.

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  4. Faudrait pas confondre "Pensée" et "Idéologie" même si Mao, le plus génial des truqueurs, avait fait croire qu'on peut substituer l'une à l'autre...
    La Pensée me convient, l'Idéologie me gonfle.
    Pire que ça, l'Idéologie est un paravent qui finit souvent dans des périodes ultimes par masquer les crimes les plus abjects quand elle n'alimente pas dès le départ les fantasmes les plus sombres, les instincts les plus criminels...

    La reflexion, oui, le dogme non.

    Bensaïd pensait.
    Les idéologues ne pensent pas, ils ne rêvent pas, ils ont tout simplement des "projets", pour eux et pour les autres, avec comme préalable un conflit d'intérêts non avoué...

    Le communisme ? mais il n'a jamais existé... Autant dire que le christianisme existe. Il y a des structures, autoritaires ou non qui se recommandent de la pensée d'une personne, Marx, Jésus... rien de plus qu'un fond de commerce terriblement dangereux.
    Faut-il pour autant renoncer ? Certainement pas !
    Pour, comme le rappelle Mermet citant Bensaïd, « Au moins s’épargner la honte de ne pas avoir essayé »,

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  5. Merci pour cette réponse, j'ai eu peur un instant que vous m'en dénichiez 1.

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