05 novembre, 2009

Souvenir incertain, mais souvenir quand même

Je me souviens qu'un soir d'automne dans les années soixante-dix, cherchant fortune dans le square Jean XXIII, lieu de drague surprotégé où l'on pouvait rencontrer encore plus qu'aux Tuileries des ministres en exercice, je vis entrer un auguste vieillard qui dans son loden vert, ressemblait à s'y méprendre à Louis Aragon. Sosie ? Je m'approchai de lui pour constater son visage tavelé... Bien entendu, comment aurais-je pu être certain... J'allais pas en ces lieux lui demander une dédicace... N'empêche que...

Quoi ? Aragon septuagénaire draguant de nuit dans un square parisien ? Et alors ? qui vous autorise à penser qu'après soixante ans de vie dans le placard intello, conjugale avec la terrifiante Elsa et communiste un poil stalinienne, il n'avait pas le droit de s'amuser enfin en s'encanaillant un peu, quand son reste de conscience politique l'eût empêché de se faire livrer à domicile quelques prolétaires michetonneurs du Dugstore St Germain ... Et puis, au fait, qui vous dit qu'il attendit la mort d'Elsa pour commencer de se faire plaisir en douce ... Qui vous dit qu'elle ne le savait pas dès le début... Qui vous permet de croire qu'il fallait qu'Elsa disparaisse et qu'apparut Banier pour qu' Aragon se révélât ?
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