Naïf Voltaire, plume servile, et vigilance

A l'occasion de ces tentatives actuelles d'exhumation, de re-virginisation de plutôt médiocres écrivains collaborationnistes, j'en viens à me demander s'il n' y a pas derrière ces projets une stratégie, soit idéologique, soit économique voire les deux. A une époque où certain se pose, qui ne l'a sans doute pas lu, la question de l'utilité de lire "La Princesse de Clèves", on est en droit de se demander d'une manière tout aussi urgente s'il est nécessaire de gâcher du papier (fût-il recyclé !) pour, les re-publiant, inciter à la (re?)lecture de raclures cérébrales d'insignes trous-du-cul frappés d'indignité dans le seul but de reconsidérer une partie de "Histoire" récente...

J'entends certains (me) dire : quoi ? et la liberté d'expression !
et de ressortir le naïf Voltaire et son immarcescible "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez l'exprimer". Mouais... j'ai toujours pensé que la proposition voltairienne a des limites... celles qui font que généralement l'admirable geste de défendre un penseur crapoteux au seul titre de la liberté d'expression retombe généralement en premier sur la gueule du défenseur, car la vermine totalitaire ignore la reconnaissance... Mais qu'on soit bien clair... Je ne demande pas d'autodafé parce que c'est justement l'une des pratiques favorites de ces gens-là... Je réclame simplement qu'on les laisse dans leur état de putréfaction originelle.

Il y a eu récemment une tentative soigneusement orchestrée de dénigrement de "Mais 68". Je crains que cette mascarade destinée à rééditer les oeuvres de ces lamentables pousse au crime ne relève de la même stratégie. Je verrais donc du fascisme partout ? Partout, non, mais sûrement un peu là où il y en a...
Je ne vais pas vous faire le coup "du ventre encore fécond"... encore que...

Un certain Bertrand Méheust interviouvé sur France Inter par Paula Jacques à l'occasion de son livre "La politique de l'Oxymore" après avoir expliqué très simplement comment le monde est passé du capitalisme industriel au capitalisme financier pour finir dominé par un capitalisme mafieux... annonce froidement que toutes ces horreurs passées peuvent très bien revenir...