05 juillet, 2009

Lise de la Salle / Martha Argerich : essai comparatif

ou : l'une cogne, l'autre pas ...

Une amie de ce blog me demande tout à l'heure des conseils pour choisir des interprètes de Rachmaninov. Je ne suis pas vraiment donneur de conseils de ce genre mais puisqu'on me demande... Alors je fonce sur youtube pour me rafraîchir la mémoire. J'ai trouvé ce que je voulais. Ok !

Mais de fil en aiguille puisque je traîne coté russe je tombe sur la Toccata du divin Prokofiev par Argerich. j'écoute une fois puis deux, rien à redire. C'est léger, ça rebondit, ça picote, c'est drôle, ça pirouette, c'est fluide c'est violent, énergique, sans effort ça a du son, du sens aussi, ça nous mène du début à la fin par le bout de l'oreille - on en redemande.

Et puis je continue ma ballade et trouve au plus près, deux cases plus bas un autre enregistrement de la même Toccata par une jeune pianiste nommée Lise de la Salle que découvre à l'instant. Aï, aï, aï ! C'est la même oeuvre certes ! mais ça n'a plus rien à voir. C'est poussif et en même temps ça tape, fort, très fort, en lourdeur, ou "en férocité" quand ça se réveille un peu, pour aussitôt se re-traîner, sans très bien savoir où ça nous conduit, tout ça... Là où Argerich joue du scalpel, de la Salle nous la fait éléphant au marteau piqueur...
Fini, la guêpe Argerich ! c'est le hanneton qui s'épuise. La panthère argentine et le percheron.
Mais comme je suis pas chien et qu'elle propose une case plus bas le Prélude et Fugue en la mineur pour orgue de Bach transcrit par Liszt, joker ! j'y cours, je suis bon public ! Ah ! la vache ! C'est qu'elle cogne encore autant, voire plus ! Incorrigible ! Un truc à vous niquer les oreilles. Je repousse mon casque. Je me sauve avant la fugue. Comment peut-on traiter aussi durement un partenaire aimé ( Bach il s'en fout, il est mort !), fût-ce un simple piano ? et un public aimé tout autant j'espère, mais aux tympans parfois délicats, si-si ! Piano-forte que ça s'appelait à ses débuts, le zinzin, pas Fort-forte... et puis la qualité du son au piano, comme ailleurs, ça se pense, ça se travaille, c'est pas du préfabriqué, du tout-cuit... et que si c'est pour transformer un fort coûteux Steinway en "piano-punaise", à mon humble avis, il y a maldonne... car derrière le clavier, les doigts, il y a l'essentiel... l'espace où tout se passe, où tout se pense... on peut même définir et différencier des plans sonores au piano, si on a compris ce à quoi ça sert... Visiblement c'est pas le cas...

Je le savais, moi qui suis si mauvais pianiste et qui sais pourquoi, mais j'en ai la confirmation : on n'est pas égaux devant le clavier.

(Il y a un truc marrant avec Youtube, c'est qu'on voit le plus souvent les interprètes à l'oeuvre . C'est ainsi que dans le cas présent, la fille de la pampa à la beauté andine fait preuve dans son jeux (sans être vue) de bien plus de finesse que la blonde Ophélie à laquelle je la compare).

Et puis, après tout, à vous de juger, vous êtes bien assez grands ! Elles sont bien assez grandes de leur coté ( j'aimerais bien techniquement pouvoir jouer du début à la fin la Toccata de Prokofiev comme l'une ou même comme l'autre...) pour se voir sans regret être mises en concurrence !

http://www.youtube.com/watch?v=i6AhHBu_A_U&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=ZUU_0QMoe2k&feature=related

quoi ? question de prise de son ? absolument pas !
D'ailleurs, c'est pas une excuse, car elle n'est pas la seule de sa génération à violenter le piano. C'est pas possible ! mais il y a quelqu'un dans les conservatoires, ou dans les maisons de disques, un mal-entendant apointé qui leur conseille de frapper comme des brutes... en deux mots, Lise de la Salle est-elle comme la plupart de ses congénères, sponsoriée par Audika ?

Alors comme je dis parfois : allez, entre les deux, y a pas phono !



10 commentaires:

  1. Cher PP, je vous emboîte le pas... ou plutôt l'oreille. Au conservatoire, il y avait une pianiste fort mauvaise mais je l'adorais : elle nous donnait la mesure, la bonne mesure. De là vient sans doute que je suis devenue bon public : j'ai le rire et le sourire "faciles". Et puis j'ai autant appris des bons danseurs que des mauvais... comme de certains films dont je dis qu'ils sont de bons mauvais films...
    j'ai été fort triste d'apprendre la disparition de Pina Bausch, je suis encore dans les brumes de l'anesthésie. je ne sais pas encore bien ce que je vais dire de cette grande dame de la danse contemporaine.
    Cette convalescence va me permettre de lire et d'écouter tout ce que j'avais laissé de côté. Je fonce sur vos liens référents...
    très bonne soirée, cher ami.

    RépondreSupprimer
  2. Anonyme7:57 AM

    MArtha forever!LE piano vrai, la grandeur, la force et la douceur, tout!
    Célameyeur! Et puis, le concerto en sol de Ravel, hein... Sublime!

    Hors landau

    RépondreSupprimer
  3. N'importe quoi et plutôt très caricatural votre comparatif !
    De la glose de goujat !
    En quoi cette jeune pianiste (pour certain géniale) vous dérange-t-elle autant ? Son âge ? Le fait qu'elle soit française ? hum hum
    Pour le "mélomane" que vous prétendez prétentieusement être il apparait très étonnant que vos références se basent sur Youtube ! Allez donc aux concerts ! Ecoutez les diques !
    A propos des interprétations de Lise de la Salle : son disque Prokofiev (le 4ème à moins de 20 ans : jamais vu dans l'histoire !) à obtenu le GRAMOPHONE CD Editor's Choice, Aout 2007 C'est une référence mondiale ! A oui, le précédent disque Concertos N°1 GRAMOPHONE CD of the Month and Editor's Choice, Avril 2008 !
    Et sur scènne : elle vient de triompher à Colmar, Elle enchaine au festival de Bayreth, à Dresde, elle est à Aspen avec standing ovation, etc ... Elle triomphe partout dans le monde (allez voir son site !)
    Votre avis est votre avis, mais les dizaine de milliers de personnes qui l'acclament partout dans le monde ne me semblent pas nécessairement être des imbéciles !
    Seriez-vous jaloux ou simplement sourd ?

    RépondreSupprimer
  4. Cher J2Perrot

    Vos arguments sont très sympathiques et l'admiration que vous portez à cette artiste est tout à fait respectable et finalement assez comparable à celle que je porte à Argerich. Être mis en comparaison avec celle-ci, n'a rien de caricatural... Tout au plus est-ce un peu cruel.

    Le problème, c'est que quand je parle couleur et qualité de son, dynamique, réflexion musicale, vous me parlez palmarès, prix et récompenses... comme si Madame de Lassale n'était qu'une bête de concours. Je pense, malgré tout, qu'elle vaut vieux que ça... Et puis, la mise en avant des "Prix" comme critère de qualité, c'est à peu près aussi probant que le label "Vu à la Télé" sur les pubs de jouets pour enfants... On fera ensuite l'impasse sur la manière dont il sont attribués...C'est un autre débat.

    Pour ce qui est d'écouter en concert, vous savez très bien que depuis longtemps c'est le disque qui fait les débuts d'un artiste, et qu'on commence par l'écouter " en boite" (radio ou disque) avant, si on l'apprécie, de le retrouver au concert; le Cd, vous le savez sans doute, ne rapporte pas (ou si peu) un sous à l'artiste qui l'enregistre, mais lui sert de carte de visite, pour, comme vous m'y invitez, aller l'écouter en concert, ce qui est d'ailleurs un leurre quand on sait (et oui, je sais un peu...) comment on fait un disque...

    Oui,je dis que Madame de Lassale maltraîte son piano, meurtrit mes oreilles et m'ennuie un peu, mais si vous m'aviez lu avec attention, vous auriez lu aussi que je considère que ce n'est pas la seule... Pas de pot, vicissitudes de la toile, c'est tombé sur elle. Vous me direz que je ne suis pas obligé de l'écouter. C'est vrai et c'est ce que je ferai désormais quitte à ignorer ses nécessaires, ses indipensables progrès...

    Vous êtes probablement un ami ou de la famille ou qui sait l'agent de votre "lauréate permanente des concours du monde entier", mais vous lisez en diagonale : jaloux, moi ? mais n'ai-je pas écrit en toute franchise : "j'aimerais bien techniquement pouvoir jouer du début à la fin la Toccata de Prokofiev comme l'une ou même comme l'autre..." cette question ne se pose donc pas.

    Je ne connais pas Lise de La Salle, et ne l'ai découverte que par les hasards du net où j'imagine que sa présence n'est pas fortuite... Je crains simplement qu'elle ne tombe irrémédiablement dans un système qui lui nuise au bout du compte, sur le plan artistique s'entend.

    Quand au fait qu'elle a des milliers de groupies, ma foi, tant mieux pour elle et ce ne sont pas mes petits agacements qui vont changer grand chose à sa carrière, et c'est heureux ! Ce n'est pas non plus ce qui va m'empêcher de dire ce que je pense.

    En attendant, je maintiens, même si ça vous étonne, que le son au piano ça se travaille, ça se réfléchit,ça se maîtrise... et que pour elle comme pour nombre de pianistes de sa génération, cette préoccupation semble être de plus en plus subsidiaire... Dommage...

    "Son âge ?", dites -vous, mufle que vous êtes. Son âge,fussé-je le goujat que vous dites, moi, je m'en tape ! D'abord elle ne semble pas si vieille que ça (je déconne, bien sûr!) et puis on m'a appris à ignorer l'âge des dames ou tout au moins à ne pas le mentionner.

    Pour ce qui est d'une possible francophobie de ma part, allons ! j'ai toujours considéré qu'à part Paul Déroulède, un artiste en temps de paix n'avait pas de patrie... Pas vous ?

    RépondreSupprimer
  5. Anonyme11:18 PM

    "quand je parle couleur et qualité de son, dynamique, réflexion musicale"... c'est beaucoup dire!
    pour info, un tout autre avis, lu dans ClassiqueInfo.com - 10 juin 09
    http://classiqueinfo.com/spip.php?article430

    RépondreSupprimer
  6. Bon, camarade,

    Je vais être clair... Je ne lis aucune critique d'aucuns critiques. Pour deux raisons.
    La première est que je suis assez grand pour juger par moi-même. Quand je dis "assez grand", je veux dire que j'ai un niveau de compétences qui me le permet, c'est comme ça. La seconde est que je connais pour les avoir pratiqués assidûment et professionnellement dans une vie antérieure les "critiques musicaux" autoproclamés, que ce soit ceux de la presse écrite ou ceux de la presse parlée... La plupart étaient atteints d'illétrisme musical, ceux qui avaient quelques connaissances faisaient de la littérature autour de la musique, d'autres qu'on pouvait aussi trouver parmi les précédents,(les cumulards, en quelques sortes...) avaient une nette propension à aligner la bienveillance de leur critique sur le cours des petits cadeaux ou celui des services rendus.
    Alors ...

    Maintentant pour ce qui est de l'artiste en question, je pense qu'elle ne mérite "ni cet excès d'honneur ni cette indignité..."
    "Pas de quoi écrire une thèse..." comme aurait dit Audiard...

    RépondreSupprimer
  7. Anonyme6:21 PM

    Bravo PP Le Moqueur.
    Gerard Mannoni a écrit une très juste critique sur le CD de Paloma Kouider simple étudiante en Lettres
    ed.LYRINX.J'aimerais avoir ton
    opinion. Merci.

    RépondreSupprimer
  8. Cher anonyme,

    Je vais essayer de trouver et de lire ça, à suivre.

    RépondreSupprimer
  9. Ok,je viens de lire l'article de Mannoni, qu'honnêtement je trouve un peu "convenu", mais en revanche, je ne trouve rien pour écouter Paloma Kouider ni sur Youtube, ni sur Deezer, ce qui me serait plus utile !
    Alors je ne puis pour le moment vous dire ce que j'en pense. Dès que je trouve, je vous dis...

    RépondreSupprimer
  10. Anonyme11:42 PM

    http://www.amazon.fr/s?ie=UTF8&search-alias=classical&keywords=Paloma%20Kouider

    RépondreSupprimer