Dieu sait pourquoi je pense à ça...
C'était il y a une quinzaine d'années. J'étais à la console d'un orgue, un orgue énorme... et comme on dit dans le métier "je tenais le clavier" . Ça veut dire, pour ceux qui ne savent pas, que je passais une par une toutes les notes de l'orgue sur tous les jeux d'anches pour que le facteur d'orgue coincé, plié en deux, assailli de décibels, à l'intérieur de l'instrument les accorde tout à tour. Pour impressionner le néophyte, ça représente parfois, selon la taille de l'instrument, cinq-cents, mille, voire deux mille tuyaux à traiter successivement... Nous en étions au cromorne du positif. Une note était récalcitrante, sautait l'octave, râlait, bref se faisait capricieuse, rétive à l'accord. C'est alors que d'un seul coup, moi qui était supposé par tradition et position familiale n'avoir aucun talent manuel, je décidai de régler la question avec mon père mort depuis des années. Je dis à l'accordeur qui s'énervait un peu à l'intérieur de l'orgue, "Descends-le moi, ce tuyau !" je le pense aujourd'hui, sur le ton de mon père... Il me l'apporta et sortant mon couteau de ma poche je refis de mémoire et pour la première fois ce geste qu'il eût fait que je l'avais si souvent vu faire (mon frère aussi d'auilleurs !) en de pareilles occasions. J'otai l'anche de son canal, je la replaçai, remis le coin comme il faut en tapotant, et lui redonnai, en le lissant de ma lame, de la "tournure", c'est à dire la juste, la bonne courbure pour accueillir le vent ... Deux causes dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets dit-on... Il re-sonna comme de droit... Je n'y crois pas bien sûr, mais je pris ça en riant comme un signe...
C'était il y a une quinzaine d'années. J'étais à la console d'un orgue, un orgue énorme... et comme on dit dans le métier "je tenais le clavier" . Ça veut dire, pour ceux qui ne savent pas, que je passais une par une toutes les notes de l'orgue sur tous les jeux d'anches pour que le facteur d'orgue coincé, plié en deux, assailli de décibels, à l'intérieur de l'instrument les accorde tout à tour. Pour impressionner le néophyte, ça représente parfois, selon la taille de l'instrument, cinq-cents, mille, voire deux mille tuyaux à traiter successivement... Nous en étions au cromorne du positif. Une note était récalcitrante, sautait l'octave, râlait, bref se faisait capricieuse, rétive à l'accord. C'est alors que d'un seul coup, moi qui était supposé par tradition et position familiale n'avoir aucun talent manuel, je décidai de régler la question avec mon père mort depuis des années. Je dis à l'accordeur qui s'énervait un peu à l'intérieur de l'orgue, "Descends-le moi, ce tuyau !" je le pense aujourd'hui, sur le ton de mon père... Il me l'apporta et sortant mon couteau de ma poche je refis de mémoire et pour la première fois ce geste qu'il eût fait que je l'avais si souvent vu faire (mon frère aussi d'auilleurs !) en de pareilles occasions. J'otai l'anche de son canal, je la replaçai, remis le coin comme il faut en tapotant, et lui redonnai, en le lissant de ma lame, de la "tournure", c'est à dire la juste, la bonne courbure pour accueillir le vent ... Deux causes dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets dit-on... Il re-sonna comme de droit... Je n'y crois pas bien sûr, mais je pris ça en riant comme un signe...
et oui mon vieux con de PP, j'entends très bien ce que tu dis.
RépondreSupprimerL'amour des orgues est un délice pour aigles!
RépondreSupprimerHors landau