07 août, 2008

Les baladins et les élus locaux...

"Les baladins qui serpentent les routes
Viennent de loin, parmi les champs de blé
Les bonnes gens regardent et les écoutent
Et les étoiles leurs parlent de danser..."
chantait Bécaud dans les années cinquante.

Je pense à ça, car je viens de lire à l'instant sur Rue 89 que "le maire de Bormes-les-Mimosas a adressé une missive virulente contre les gens du voyage aux élus du Var" et dans la foulée leur donner les recettes pour empêcher les "gens du voyage" de s'installer, même momentanément selon leur habitude sur leurs communes. Monsieur le maire de Bormes-les-Mimosas contrevient à la loi car toute commune de plus de 5000 habitants est tenue d'offrir aux vrais S.D.F ( il fut même un temps où cet acronyme était inscrit au cul des caravanes, nous avions un cousin forain) un terrain pour qu'ils s'y installent et son invitation écrite est une incitation à un comportement ségrégationniste et d'exclusion. Monsieur le maire de B-L-M est donc un peu et pour cette unique raison une enflure qui ne connaît même pas la loi...

Maintenant, pourquoi ces maires, élus, républicains, et probablement démocrates en arrivent-ils là ? Il y a deux raisons possibles. Soit ils sont délibérément racistes et ne veulent pas, même momentanément sur leur territoire de ces "marginaux", tueurs de poules, voleurs d'enfants et de plaques d'égouts, soit ils en ont un peu marre de ramasser les immondices qu'ils laissent, même dans des sacs poubelles, après leur départ, et de refermer à leur place les bouches d'incendie dont il semble que les clés avec lesquelles ils les ouvrent ne fonctionnent plus quand il faut les fermer... L'eau du nomade coule de source, celle du sédentaire vient du puits, de la pompe ou du robinet... Quand à leurs campements, ce ne sont, quoiqu'ils pensent, qu' horizontales et temporaires HLM...

S'il ne s'agit au bout du compte que d'un malentendu séculaire entre nomades et sédentaires, ce malentendu s'accentue pour la simple raison que les "baladins" que chantait joliment Bécaud, ont été gagnés par la modernité. Lorsqu'il y a encore quarante ans la rotation prenait un an car les véhicules étaient lents (je me souviens dans le Poitou des années soixante de tziganes en roulottes tirées par des chevaux) les nomades même s'ils étaient un peu bizarres, un peu craints, un peu objets de fantasmes et de cette poésie qu'on apprécie encore, étaient comme les oiseaux, marqueurs de rythme, annonciateurs de saisons, porteurs d'imaginaire et de paniers d'osier... Maintenant, avec les limousines, les 4X4, les caravanes climatisées, les autoroutes, la rotation qui prenait plusieurs mois, se fait désormais au plus en une semaine, faisant des "gens du voyage" des "sédentaires mobiles qui tournent sur eux-mêmes", polluants comme tout le monde et se rapprochent sans le savoir de la banalité du "travailleur" qui se déplace journellement pour aller bosser. Le problème, c'est que si leur visite est passée d'une fréquence annuelle à une fréquence bi-mensuelle dans le meilleur des cas, la mentalité de ceux qui la pratiquent n'a pas changé d'un iota, autarcie culturelle, refus de se plier désormais à une réalité de sédentarité donc de cohabitation qui leur est imposée non par la loi mais par la puissance des moteurs de leurs véhicules... Et ce qui était socialement "viable" au pas du cheval, ne l'est plus forcément à celui du cheval vapeur... Faut pas rêver... Le mythe du baladin de Bécaud, de Ferré et autres 'Forains" de Sauguet est obsolète, foutu, mort asphyxié par le Co2 de leurs puissants véhicules...

Il faudrait pourtant qu'ils comprennent... La gitane actuelle malgré ses jupes, ses anneaux, sa tignasse à l'ancienne, son look persistant voire caricatural, (son homme au contraire s'est banalisé ) n'est plus cette Carmen sulfureuse qui ensorcelle ou dit la bonne aventure, mais une robuste emmerdeuse qui au lieu d'aller au lavoir, squatte toutes les machines et les séchoirs de ma laundrette, de préférence quand j'y suis, entourée de morveux adorables autant qu' insupportables qui grimpent partout et vous font déraper sur les emballages de chips et de barres chocolatées... Car il y aura toujours des gens, non pour leur expliquer ce qu'ils devraient comprendre d'eux-mêmes, mais pour profiter de leur comportement et de leur évident refus de piger pour essayer, comme certains le tentèrent dans les années quarante, de les éradiquer pour non-conformité...
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