21 juillet, 2008

Mon bon maître était sincère

Mon bon maître était assez laid sauf qu'il avait un charme invraisemblable, car il était d'une drôlerie dont la seule évocation me fait encore aujourd'hui, longtemps après sa mort me marrer tout seul comme un con ou parfois avec ceux qui l'ont comme moi bien connu... Il était marié, père de famille (nombreuse et catholique) et d'une hétérosexualité assumée... Un jour, à la fin des années soixante-dix, je lui adresse comme élève "grand débutant", un pote à moi, métisse, beau de la beauté du diable et sincèrement gérontophile, ça existe. Au bout de quelques mois, je rends visite à mon bon maître, en passant comme de coutume depuis des lustres, non par la porte, mais par la fenêtre de son studio au rez-de-chaussée d'une rue commerçante, c'est une habitude, un rituel. Nous parlons de choses et d'autres et je lui demande comment ça se passe avec son nouvel élève. Ah ! me dit-il ! quelle histoire ! figure-toi qu'il y a deux semaines, au tout début de la leçon, je le trouve un peu bizarre. Je lui demande ce qui ne va pas et c'est là qu'il me dit : "Monsieur B. je suis amoureux de vous !". Je lui réponds, "Mais, voyons, Jean-Jacques, ce n'est pas possible ! Je suis marié ! (sic !) " Et mon bon maître de me dire dans la foulée, "Tu vois ? Ça ne m'était jamais arrivé qu'on me dise ça comme ça ! et bien, honnêtement, c'est pas désagréable !
Vous comprenez, pourquoi, entre autre et pour le reste, je l'aimais cet homme !
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