On me montre vendredi dernier le superbe supplément du Figaro consacré à Camille Claudel. De belles photos, un choix considérable d'oeuvres montrées. Et puis on raconte encore l'histoire de Camille Claudel. On la raconte comme on l'a toujours racontée. Camille Claudel victime. Victime de ses parents, de Rodin, victime de son frère... bref victime de tout le monde quand elle fut, et c'est bien suffisant, surtout victime d'elle même... Le génie, quel que soit le sexe de celui qui en est marqué, ce n'est pas chose légère à porter...Mais dans le Figaro on nous déballe le réchauffé. Paul Claudel délaissant sa soeur, l'abandonnant jusqu'à la mort dans un asile sans se soucier d'elle... Comment peut-on aujourd'hui nous servir encore cette contre-vérité quand on sait qu'au contraire il fit tout ce qui était en son pouvoir à l'époque, même si ça semble à certains moralistes, insuffisant. Le journaliste du Figaro cite, dans le but délibéré de nuire à sa mémoire, Paul Claudel qui dit à peu près ceci. "Camille avait du génie et a raté sa vie , j'en avais tout autant et j'ai réussi la mienne..." Mais bougre d' âne de journaliste ! C'est vrai ce qu'il dit, Claudel... La pauvre Camille, folle à lier a raté la sienne comme le fit Van Gogh faute d'avoir connu, contrairement à son frère (chéri, elle l'adorait) une vie "normale" et le bonheur qui peut aller de pair... Mais ce qu'il veut dire en même temps, c'est que ce n'est pas parce qu'elle à raté sa vie qu'elle a raté son oeuvre... Pas simple... Et puis, faudrait-il pour donner encore, comme si c'était nécessaire, une plus value au talent de Camille que cela se fît aux dépends de celui de son frère et de sa morale. Argument-massue, du genre justice immanente : on admirerait aujourd'hui Camille, quand on ne lirait plus Paul... D'abord ce n'est pas vrai, (même des agnostiques et mal-pensant notoires comme moi le lisent et s'en nourrissent ) et si cela l'était ce serait bien dommage... Le génie de Camille, si' l'on veut honnêtement le reconnaître, est indépendant de tout, celui de Paul autant...
Bon, remettons un peu les choses en ordre. Camille toute géniale qu'elle fut montrait dès son jeune âge une propension à "l'originalité" qui poussèrent ses remarquables parents à lui faire suivre contrairement aux codes sociaux de l'époque une "formation d 'artiste". Sans la rencontre avec Rodin, il n'y aurait pas de Camille Claudel...Mais Camille Claudel était sans doute génétiquement programmée pour devenir folle... Elle faisait chier tout le monde, était insupportable... elle "usait les patiences"...
C'est très curieux.Personne n'a fait le rapprochement, mais la vie de Camille Claudel est un miroir de celle de Séraphine de Senlis née comme elle en 1864, morte presque au même moment (un an avant, en fait) dans les mêmes conditions et dans un semblable endroit, les asiles d'aliénés pendant la guerre furent des mouroirs, rien d'autre... L'une était cultivée, gosse de bourges initiée, l'autre inculte servante chez des bonnes soeurs, peintre autodidacte et pauvresse absolue... la cote de leurs oeuvres et la reconnaissance de leurs génies les réunit aujourd'hui...
Bref, si vous admirez les sculptures de Camille, lisez les oeuvres de Paul aussi... Il y a chez l'un comme chez l'autre la même force. Alors, ne les mettons pas en concurrence... Bon, d'accord... c'eût été beaucoup plus simple pour le public, et pour l'un et pour l'autre, si Paul avait été sculpteur et Camille écrivain...
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Bon, remettons un peu les choses en ordre. Camille toute géniale qu'elle fut montrait dès son jeune âge une propension à "l'originalité" qui poussèrent ses remarquables parents à lui faire suivre contrairement aux codes sociaux de l'époque une "formation d 'artiste". Sans la rencontre avec Rodin, il n'y aurait pas de Camille Claudel...Mais Camille Claudel était sans doute génétiquement programmée pour devenir folle... Elle faisait chier tout le monde, était insupportable... elle "usait les patiences"...
C'est très curieux.Personne n'a fait le rapprochement, mais la vie de Camille Claudel est un miroir de celle de Séraphine de Senlis née comme elle en 1864, morte presque au même moment (un an avant, en fait) dans les mêmes conditions et dans un semblable endroit, les asiles d'aliénés pendant la guerre furent des mouroirs, rien d'autre... L'une était cultivée, gosse de bourges initiée, l'autre inculte servante chez des bonnes soeurs, peintre autodidacte et pauvresse absolue... la cote de leurs oeuvres et la reconnaissance de leurs génies les réunit aujourd'hui...
Bref, si vous admirez les sculptures de Camille, lisez les oeuvres de Paul aussi... Il y a chez l'un comme chez l'autre la même force. Alors, ne les mettons pas en concurrence... Bon, d'accord... c'eût été beaucoup plus simple pour le public, et pour l'un et pour l'autre, si Paul avait été sculpteur et Camille écrivain...
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J'ai remis la main sur ce texte : d'anord Camille...
RépondreSupprimerLe regard mangé par sa propre infirmité, deux trous béants à la place du visage tandis que Rodin équarrissait le marbre, à l’assaut de Balzac ou autres divinités. Elle s'est levée titubante jusqu'à son établi quand la lumière n'avait pas encore atteint les persiennes. Le jour ne se lèverait pas tant qu'elle n'aurait pas vomi cette acidité qui empoisonne le cerveau, colchique cérébrale. La nuit, le jour… la nuit succédant à la nuit sans que le jour fasse irruption dans cette nuit étale qui avait envahi son esprit. Sa vie fut privée de matin le jour où elle comprit qu'elle ne sera jamais madame Rodin. Pourtant en 1851, Paul son frère écrira : « Un front superbe, surplombant des yeux magnifiques, de ce rare bleu si rare à rencontrer ailleurs que dans les romans », mais le roman Camille Rodin se détériore comme en témoigne la charge de cruauté des dessins que Camille consacre au couple Rose-Rodin. Cette relation romanesque prend fin au bout de dix ans de brûlure. La maladie la gagne au moment où son style se fait de plus en plus épuré, presque japonisant… Elle se réveillait dans la nuit d’un sommeil sans rêves, dans l’absence de toute trace de rêves, un baiser déposé dans le marbre. Tout ce qui hier lui paraissait familier s’éloignait et il ne demeurait que cette absence de soi à soi, simulacre de rêverie. Elle s’accrochait désespérément aux petits riens qui donnent corps à une architecture modeste, d’une incroyable finesse, esquissant des formes souples sur la blanche journée aussi blanche que la nuit de ses mains de satin travaillant le marbre qui l’avait retenue. Elle courait la campagne la nuit, à la recherche de la meilleure terre à travailler, creusait les fossés à mains nues, volait à la nature son bien pour distraire son esprit en proie à la folie. Elle s’était fabriquée de petits rituels en guise de pare-feu, de contrepoint à cette absence. La matière pour distraire le mal de l’esprit. L’esprit s’engouffrant dans la matière pour ne pas regarder son propre vide en face. Le néant se surprenait-elle à penser à des instants furtifs la guettait de toutes parts, elle se sentait alors réduite à un point minuscule, un point perdu entre deux cognées sans sujets ni verbes qui auraient pu justifier l’action du burin. Elle a attrapé quelques photos pelliculées d'empreintes de doigts et de reflets opaques, elle qui détestait cet art grimaçant, pour interroger ces traces mnésiques du papier, elle a scruté les vaines expressions qui flottaient au-dessus de ces visages familiers et n'a rien éprouvé. Juste le grand vide d’un passé dont elle avait conscience qu’il fût. De même qu'elle avait conscience que la nuit était à clore et le jour à passer. Toutes ces icônes mises en ensemble formaient devant elle une nappe monde insondable de visages, une sorte de cimetière à ciel fermé. L’atelier de Rodin avait fermé.
Elle s'était levée avec cette idée stupide que les lieux communs rassuraient la plupart des êtres devant l’imminence du danger, et se surprenait à penser inverse, grâce et à cause de cet état où il ne se passe plus rien ailleurs que dans le cerveau, lui-même partiellement délabré. Les lieux communs, songeait-elle, n’accrochent qu’à des parois cérébrales poreuses, trouées par l’indifférence des êtres aux véritables questions. Une pierre ponce est passée par là et a fait son œuvre. La connaissance a évincé l’innocence et les paroles bredouillées se sont transformées en vains tremblements impudiques. A cause d’Eros, son frère la fit enfermer, Les souliers de satin et Sous le Soleil de Satan connaissaient la profondeur du péché.
L’ironie de l’histoire veut que ce soit donc dans la maison même de Rodin que l'on peut apprécier au mieux l'oeuvre de Camille, dans toute la force et l'originalité de son génie propre, débarrassé des oripeaux médiatiques qui ont eu trop tendance à le déformer.
Vous décrivez fort bien la folie, les errances. Oui mais, Amel, ce n'est pas Paul qui la fit enfermer, c'est leur mère... Loin de moi l'idée de rejoindre les partisans de la responsabilité unique de "la mère" dans la construction puis dans les pathologies des enfants fussent-ils devenus quadragénaires, mais en l'occurrence c'est bien Madame Claudel Mère et non Paul qui la fit enfermer, car, tout bêtement elle lui pourrissait sa vie de bourgeoise et sa vie tout court...
RépondreSupprimerMais en fait, là n'est pas mon propos ; ce qui m'agace actuellement, c'est cette haine idiote vis à vis de Paul qui va, par mesure de rétorsion pour une hypothétique responsabilité de sa part dans l'abandon général qu'elle connut, jusqu'à nier son génie d'écrivain. On voudrait nous faire croire que le méchant ambassadeur couvert de lauriers fit embastiller sa soeur au prétexte qu'elle était gênante et que c'est de ce fait un mauvais écrivain, oublié de surcroît. Foutaises ! Paul adorait sa soeur qui le lui rendait bien. Quand bien après, il lui a rendu plusieurs fois visite, elle ne le reconnaissait plus... Alzheimer ? Qui sait. La sauver ? Prendrions-nous chez nous aujourd'hui notre soeur démente précoce ? C'était la guerre et au pire moment de celle-ci, 1943, Claudel n'était pas au mieux, quoi qu'on veut nous faire croire, avec l'autorité maréchalesque. (La fameuse lettre au Maréchal au sujet des lois scélérates anti-juifs de 1942) Bref, ça suffit ! Camille est géniale ? oui ! mais Paul aussi, et tout autant ! merde ! Qu'on se le dise, on y gagnera, deux génies pour un seul nom : C.L.A.U.D.E.L !
Et puis, il n'y a pas d'ironie du sort dans le fait que ce soit dans la maison de Rodin qu'on puisse apprécier son oeuvre. Car enfin, objectivement : pas de Rodin,pas de Camille !
Mais, je sais bien que Paul n'a pas enfermé sa soeur de son propre chef, qu'il adorait... Si le texte le laisse pressentir, il est raté, car Paul était toujours là, il tenait Camille à bout de bras, désespéré... J'aurais dû vous envoyer le tout : Et ce texte sur Camille et celui sur Paul.
RépondreSupprimerLa seule phrase de Paul : « Un front superbe, surplombant des yeux magnifiques, de ce rare bleu si rare à rencontrer ailleurs que dans les romans » pour moi dit tout l'amour qu'il lui portait et qui dépassait l'amour filial. Certaines mères peuvent faire faire... enfin!
Cette haine stupide vis-à-vis de Paul, mon texte y répond je crois partiellement, je vous l'envoie.
Ces préjugés me font souvent mal et j'évite d'y penser car je sais vers quoi ils conduisent, souvent par lâcheté, pour ne pas avoir à se remettre en question soi, on attaque des géants qui dérangent!
Si un Etat Palestinien de droit voit le jour nous chanterons et l'hymne israélien et le palestinien... Shalom et Salem!
Merci de m'avoir répondue, bonne journée P.P.
Vous vous trompez de combat. A vouloir prendre le contre pied systématique du prêt à penser, vous tombez dans les mêmes travers.
RépondreSupprimerCamille Claudel a été enfermée par une famille bourgeoise qui ne supportait pas la liberté prise par leur fille et soeur qui osait sculpter des nus comme les hommes. Citez-moi un seul artiste femme autorisé dans les ateliers et à qui le talent était reconnu.
Etait-elle folle au moment où elle fut enfermée, rien n'est moins sûr. Elle avait été rayée de la carte par sa mère, comme d'autres anonymes enfermés parce que leur manière de vivre choquait.
Vous êtes incapable de regarder la vérité des choses en face, car cette vérité vous fait horreur.
Vous êtes un con et votre site est une merde.
Berthe Morizot sera toujours présentée comme la compagne du peintre alors que ses portraits valent tous ce que les noms célèbres ont pu faire à l'époque.
Cette femme est restée pendant 30 ans dans un lieu dans lequel elle n'avait rien à faire. Son frère a été un lâche et un pleurnichard et surtout un égocentrique. Plutôt que d'être frappé par la foi planqué (comme toujours derrière un pilier), il aurait mieux valu qu'il se batte pour sa soeur et lui montre un réel soutien.
Vous ne comprenez rien à l'art, à l'histoire, à rien du tout. Vous méprisez les femmes. Vous êtes un médiocre.
Ah, au fait, vous répondez à un post vieux de trois ans... J'en ai remis une louche, que dis-je une bassine et en pire , la semaine dernière à propos du film qui vient de sortir, en reprenant par auto-compilation une partie de ce qui vous a tant choqué(e)...
RépondreSupprimerEn ce qui vous concerne, l'injure comme principe de réflexion...
Bof ! Au bout du compte, c'est votre problème. Cette violence de votre part, ça sent la mauvaise irrigation, le débord d'hormones mal dirigées.