Je viens de refaire mais virtuellement cette fois, la visite de Wahnfried, la maison de Wagner à Bayreuth. Si on y regarde de bien près cette bâtisse est moitié villa palladienne moitié cénotaphe de Ledoux, à la fois vivifiante et tout autant morbide... C'est aussi pour ceux qui les connaissent toutes deux dans leurs dispositions intérieures une réduction de la Villa Hügel des Krupp à Essen. L'artiste côtoyait le pouvoir, le rackettait, on le sait, mais l'admirait néanmoins au point de vouloir lui aussi un palais. Il l'eut, certes, mais en plus petit et (c'est là qu'on voit le coté horriblement raisonnable du personnage) s'en accommoda. On pourra bien sûr considérer que son rêve était au théâtre et l'expression de sa grandeur au Festspielhaus... Alors, pourquoi avoir voulu cette, au demeurant fort élégante, demeure, copie certes (involontaire peut-être, elles sont contemporaines) mais en miniature de celle d'un extravaguant capitaine d' industrie et petit théâtre bourgeois de sa réalité domestique... A comparer avec la modeste et chaleureuse demeure de Liszt à Weimar. Lorsqu'on visite aujourd'hui Wahnfried devenu musée et que la vieille Winnifred habita jusqu'à sa mort en 1980 après qu'on la lui ait reconstruite, elle, l'incorrigible et précoce nazi , on peut voir dans le sous-sol des photos des dégâts commis par l'"odieuse" aviation américaine et surtout celle de la profanation absolue et présentée comme telle : un GI dans les ruines, clope au bec et en treillis jouant - qui sait, du jazz ! - sur le piano du maître miraculeusement réchappé du désastre (la musique serait innocente...) Wahnfried : "La paix de l' illusion"... Mais non, les illusions ne conduisent pas à la paix mais aux pires catastrophes...
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