10 novembre, 2007

O.T.A.N. en emporte le vent...

STUDEBAKER

En ces temps de grand rapprochement franco-américain dont les effets vont peut-être nous conduire au pire, je me souviens... Je me souviens des américains, des bases que de Gaulle un jour de 1965 vira de France, sans beaucoup de ménagement il est vrai (il a du encore faire un quart de tour dans sa tombe lors de la visite de notre actuel président il y a quelques jours à Colombey-The-Two-Churches, soyons américanophile jusqu'au bout...).
Il y avait la M.P, jeep, treillis, rangers et casque blanc, qui rôdait dans la ville, chargée de l'ordre des soldats américains, mais qui en cas de bagarre, c'est à dire tous les soirs, matraquait les pochetrons des deux nations alliées sans beaucoup de discernement quand elle ne se mêlait pas de "l'ordre en ville" à la place de la police française, tout simplement.
Il y avait dans notre rue, une "particulière" (selon le glossaire maternel) dont la clientèle était devenue surtout américaine. On l'appelait "la Pauleau", de son nom de jeune fille, hors de question de l'appeler par son nom d'épouse : c’était, pour notre honte, le même que le notre... C'est ainsi que chaque jour, le soir venu, débarquait, silencieuse, glissant sur le bitume, la superbe Studebaker rose et blanche (la même exactement que celle montrée ci-dessus) d'un sergent black américain qui de client assidu était devenu son souteneur, créant ainsi en bon libéral éclairé une modeste mais florissante multinationale vicinale du cul...
Il y avait des choses curieuses, telles ce cabriolet Sunbeam d’un jeune soldat qui s’était, à cent-soixante à l’heure (le compteur qu'on pouvait voir au coeur de l'épave était resté bloqué), presque en même temps que James Dean, amoureusement enroulé comme le fait le lierre en été autour d’un platane ; les gens venaient en famille voir ce tout nouveau trophée de la modernité, les français ne se tuaient pas encore couramment, à l'époque, d'une aussi flamboyante manière. Beaucoup d’américains donc, mourraient en France en temps de paix, comme cette jeune femme dont la maison de bois à la sortie de Chauvigny avait brûlé, elle avec. On racontait avec horreur que sa chemise de nuit avait “fondu” sur elle... première et innocente victime en France du tout nouveau nylon, de ce progrès qui, déjà et encore, tuait...
Il y avait aussi ces cités qui leur étaient réservées. Des maisons basses toutes simples posées, comme ça à la périphérie des villes dans des hectares de pelouse dont chacun profitait de la totalité. Quand les français les récupérèrent, la première chose qu’ils firent fut d’installer des clôtures, transformant ainsi des parcs immenses en autant de minuscules mais personnelles basses-cours, un petit "chez soi" plutôt qu'un grand à "tout le monde" ... autre notion de l'espace issue des "grands espaces"...
C’est l’époque à laquelle je reçu en provenance du PX un disque de Jimmy Driftwood... Vous ne connaissez pas ce chanteur de “Bluegrass” (l'un des avatars de cette Country Music dont se repaît Dobelyou quand un doute l'étreint) ? Normal, même les américains l’ont oublié...

Bon à part ça, Norman Mailer est mort aujourd’hui. Et ça, c’est bien dommage...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire