12 juin, 2007

Souvenirs, souvenirs...


En 1973, je débarquai à Paris et au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris je découvrais ce qui se faisait en matière d'art contemporain dans le cadre du premier Festival d'Automne pour lequel je travaillais. On était en plein hyper-réalisme. Il y avait en même temps (et pourquoi ?) cette exposition de petits gribouillis de Wols, tous plus étonnants et désirables les uns que les autres...Il y avait aussi des gens qui ont un peu disparu comme Vostell qui faisait des installations tout à fait extraordinaires, parfois éphémère telle ce stère de baguettes fraîches enveloppées dans le "Monde " du jour... cette Cadillac noire tronçonnée d'où sortait à la place du moteur une tête de bison un peu hallucinée qui regardait la télé... et surtout un parcours bordé à droite et à gauche de fils de fer barbelé, le sol jonché de fourchettes sur lesquelles vous deviez déambuler une valise dans chaque main qui déclenchaient au fur et à mesure de votre déplacement, avant ou arrière, des bruits plus éprouvants les uns que les autres... (j'ai mis trente ans à admettre définitivement et ressentir ce qu'il voulait, Vostell, le jour où je suis allé à Buchenwald). On pouvait voir dans tout Paris dès qu'il y avait un plan d'eau les colorations fluorescentes d'Uriburu. Il y avait Schlosser, le peintre des cadrages érotiques et du " grain de peau" très sensible. Et puis il y avait aussi cette année-là Duane Hanson et ses fameux touristes américains toujours d'actualité.
On allait déjeuner à la cantine du Conservatoire Rachmaninof où tout était délicieux. On entrait par la cuisine et sur des toiles cirées à carreaux rouges et blancs, on se gobergeait, en présence de créatures extraordinaires, de tous sexes, slavissimes et hors d'âge, de pirojkis, pirogs, ravioli à la crème... et ce Côte du Rhône au litron capsulé, qui vous sciait les pattes... Et puis il y avait Olga qui faisait le service en traînant un peu la jambe façon Sarah Bernhard, trois cents grammes d'or à chaque poignet, deux fois plus autour du cou, à peine moins aux oreilles... de quoi vous achever une scoliose... Elle venait vous demander si vous aviez aimé en vous malaxant amicalement du pouce le trapèze de telle manière que même si vous aviez détesté, ce qui relevait de l'improbable, vous affirmiez sans hésiter le contraire... En sortant on croisait les Renaud-Barrault qui habitaient juste au dessus, avenue Wilson. Ça semblait naturel... Sur la terrasse du Musée, sous la colonnade un vieux monsieur faisait du patin à roulettes au son d'un mange-disques éreinté tandis que sa femme aussi vieille que lui l'attendait en le contemplant. Il paraît que ce sont eux qui inspirèrent Roda-Gill pour la chanson de Julien Clerc...


2 commentaires:

  1. Touchant…

    Je trouve dommage que l'art actuel (plutôt que contemporain) soit si peu exposé, expliqué, transmis… Sans doute trop de subversion pour que les médias de masse en parle, non ?
    :-)

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  2. Je ne pense pas que la subversion soit en cause. C'est peut-être au contraire le manque de subversion... Car c'est une denrée périssable... La plupart des artistes actuels à part les gens comme (entr'autres)Wim Delvoye, voire Anselm Kiefer, ne font pour la plupart que resservir des avatars à peine reconsidérés desoeuvre de ces artistes dont je parle.On peut en même temps être extrèmement subversif en peignant, comme mon ami Matifat des toiles figuratives selon des techniques traditionnelles, à condition qu'elles soient maîtrisées, (ce qui est son cas )J'ai parlé de lui dans mon blog du 23 août 2006 titré "l'oeil du cyclone"

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