22 mai, 2007

La lettre de Guy Mocquet

La lettre de Guy Mocquet est touchante tout d 'abord parce qu'elle a été écrite par une personne qui va mourir dans quelques heures, qui le sait et qui a dix-sept ans.
Est-ce pour autant que cette lettre va signifier quelque chose pour ceux à qui on va la lire, dans un contexte qui sera bien moins théâtral que celui dans lequel elle a été lue la semaine dernière. Une salle de classe un jour de rentrée n'est pas la cascade du Bois de Boulogne un jour d'intronisation présidentielle, et il n'y aura pas avant chaque lecture des maxgallos municipaux venus préparer les sensibilités... Le professeur chargé de la lecture, va devoir dire, pour commencer, les mots suivants d'une sincérité certes tragique mais aussi d'un style pour le moins suranné :

Ma petite maman chérie
Mon petit frère adoré
Mon petit papa aimé
Bon courage !

Je crains que les gamins, sauf dans les "beaux quartiers" (et encore !), avant même d'entendre la suite, ne se mettent à rigoler sans vergogne, pour peu qu'on les ait prévenus de ce que l'auteur de la lettre avait dix-sept ans passés au moment où il l'écrivit, fût-ce une heure avant de mourir en héros...
C 'est, je le crains, la mémoire de Guy Mocquet qui va à chaque fois en pâtir... Car des milliers de petits cons préparés ou non qui s'en foutent (ou font semblant : "potes", "gonzesses" à coté...) vont, contrairement à ceux qui étaient présents lors de la lecture récente et contrairement à l'effet souhaité, se fendre la gueule en entendant ces quelques premiers mots...
Car, le reconnaître n'est pas porter atteinte à la mémoire de son auteur, la lettre elle-même est tout de même assez faible, d'un ton pour ainsi dire résigné et à la limite repentant vis à vis des siens. Est-ce cet aspect qui a décidé du choix de notre Président ( L.S.T !) ?
Décidément, la vie, la mort de Guy Mocquet et surtout, surtout, son engagement fulgurant sont infiniment plus importants que cette lettre.

Peut-être eût-il été plus judicieux plutôt que d'imposer une seule lettre, de laisser le choix aux professeurs parmi les nombreuses lettres de Résistants dans lesquelles l'esprit et le mot de Résistance seraient mieux exprimés. A moins qu'on ait un peu peur de ce mot...

Le fait qu'il ait eu dix-sept ans ?

Mais ils s'en foutent, les gnards, des héros de tous âges, sauf de ceux de Taxi I II III ou de "Plus Belle la Vie"...

L'engagement pour un combat, contre un ennemi casqué, botté, un peloton d'exécution, la torture ? Dans ce cas là si l'on veut être efficace, faut tout leur raconter tout de suite, et leur dire, qu'aujourd'hui en Irak, au Darfour, à Gaza, en Afghanistan, au Liban et "millepart" ailleurs, il y a des Guy Mocquet en pagaille, qui n'écriront jamais de lettre...



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