L’" Ite missa est" étant dit, nous visitions le vieux chanoine en son borgésien labyrinthe ; là du haut des murs à la plinthe se serraient, frileux patrimoine, dix mille ouvrages d’érudit. Le vieil homme était détestable, il sentait fort l’aigre et le rance, l’encre humide et le vieux saloir. Sur un mur, tout près d’un miroir, un crucifix en déshérence semblait en équilibre instable. Le cuir craquelé d’un fauteuil recelait des puces en essaims, affamées, vaillantes, voraces ; et nous gardions souvent les traces de nos séjours sur ces coussins, au plus profond de notre orgueil... Le chanoine était hagiographe, organiste, fin musicien, presque aveugle et lippu en diable, et d’une laideur indéniable ; quelques rondeurs de batracien enflaient ses mains de polygraphe. Notre père et lui discutaient, de choses élevées sans doute, de Renan ou de Maritain, ou du Révérend Père Martin... nous laissant au bord de la route. Et pendant qu’ils en débattaient, sa vieille mère, parcheminée servante et ange tutélaire glissait son ombre à travers l'huis et telle un vieux rameau de buis sa main tremblait du froid polaire malgré le feu de cheminée. Et c’est ainsi qu'au nouvel an elle nous offrait en chancelant d'odieuses et bien vieilles croquettes au chocolat, grasses et fétides, sorties d’une boite en carton, qu’il n’eut pas été de bon ton de refuser. Alors, rapides, nous les crachions sous les carpettes...
J'espère pour vous que depuis ce temps, vous avez eu l'occasion de déguster de bien meilleurs chocolats....belges bien entendu!
RépondreSupprimerEt comme il est de tradition, bonne année 2007.
Merci à vous aussi.
RépondreSupprimerEt mettez bien à profit, avec soin, avec assiduité, votre aptitude au bonheur. Bises
Bonne année cher condisciple:)
RépondreSupprimerIl est loin le temps où la bonne éducation nous faisait recracher de crottes oxydées...sous les carpettes, loin aussi le temps où les carpettes étaient autre chose que des ectoplasmes syntaxiques,ce petit texte pudiquement autobiographique m'a donné le courage de vous laisser un mot,
amicalement,
Amel sur le toit!
Cher PP , parlez z'en donc à ma mère de ce chanoine-là !
RépondreSupprimerElle pourrait effectivement en écrire des pages.
RépondreSupprimerIl y a tout un article sur lui dans une revue de la Ville de Poitiers.Puisqu'il a mainteant sa rue.