24 février, 2006

Récatonpilu

Récatonpilu ! comme disait Jean Tardieu.

Depuis un mois, nous avons eu :

La tentative d'OPA de Mittal sur Arcelor
Le Clémenceau et son amiante
Le voyage de Chirac aux Indes
Le CPE et son 49/3
La France d'après

Le martyr de Ilhan Halimi

et, comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, la peste avière qui rapplique.

Un événement en chasse un autre et la mort de ce pauvre gamin se trouve de fait réduite et exploitée de mille et une manières. Quand vous pensez que l'ignoble et ridicule raciste mondain et vendéen de Villiers s'est pointé hier à la synagogue où avait lieu un hommage à la mémoire du premier juif executé en France depuis la dernière guerre et quand vous apprenez que Le Pen se propose de venir manifester dimanche contre l'antisémitisme, on est en droit de se poser des questions... Un crime raciste va donc être instrumentalisé pour provoquer une réaction raciste généralisée à l'encontre d'une ou d'autres communautés... Heureusement , la communauté juive ne marche pas dans la combine... Car il semble que la conscience ou politique ou raciste des auteurs du crime soit du niveau de ce que je disais hier... Juif = fric, américian = grand enfant, arabe = sournois, asiatique= obséquieux, français = béret basque, black = grosse queue etc ... Le problème c'est que la connerie est ou devient mortifère.

Cette succession d'événements et la manière dont on en parle fait qu'ils sont tous mis au même niveau, celui du dérivatif. La peste avière va chasser le crime raciste comme celui-ci a chassé le CPE qui avait relégué le Clémenceau et ainsi de suite. Bon, il faut dire que nous avons fait très fort... On nous serine depuis quelque mois que la France est la mieux armée pour empècher la bête de forcer nos frontières. Oui mais, aujourd'hui, nous avons été les premiers au monde à voir une enceinte de confinement allègrement forcée par le virus... On avait pensé à tout sauf aux crottes de canards sur la paille... Ce qui veut dire, et ce qu'on savait depuis longtemps, c'est qu'il n'y a pas de tolérance zéro avec le virus. Le virus, il s'en fout... Le virus n'a pas de morale... Le virus ignore Chirac, Sarkozy, Villepin.

Dans les années soixante; Jacques Sternberg, écrivain aujourd'hui oublié, avait écrit un bouquin pas con du tout dont j'ai hélas oublié le titre et dans lequel il expliquait que, contrairement à un schéma de pensée traditionnelle et abusivement répandu, il fallait peut-être chercher Dieu, non pas vers l'infiniment grand, mais vers l'infiniment petit... Dieu plus proche du virus que de la nébuleuse...


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